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4 déc. 2011

DAKAR...suite du roman...fin mars 2010


MARDI 30 MARS 2010

Hier, quand je suis rentrée de mon activité piscine, il y avait une petite carte à la porte de la 428, nous invitant à payer la note:

Note de semaine en votre aimable règlement

Cher Client,




Nous vous informons que nos factures sont payables à fin de semaine.
Les notes de semaine sont exigibles dans les 24 heures de leur présentation.
En vous remerciant à l’avance, nous vous prions d’agréer, Monsieur L…….,
L’assurance de nos sentiments distingués.

La Direction

Quelle jolie manière de quémander son dû!  Je ne sais pas si c’est le fait d’avoir débourser quelques millions, mais d’abord il y a Le Directeur qui est venu nous serrer la main en nous demandant « si tout se passe bien ».    Et après, 



à La Calebasse (c’est le vrai nom du resto du Novotel que j’appelais faussement Côté Jardin) nous avons eu droit à une assiette de délicieuse amuse gueule, en attendant le plat principal.  Même que c’est thze Chef en personne (pas le Fronçais, Le Sénégalais) qui est venu les servir à la table.

Nous sommes traités aux petits oignons et Madame Dakar n’a pas du tout l’intention de s’en plaindre.  Elle aura amplement l’occasion de soupirer et de brailler de retour à la réalité sherbrookoise.   Par exemple, quand le lundi matin au lieu de « faire  le 3 » au téléphone et de dire : «  Bonjour, ici la 428 j’aurai un sac pour la blanchisserie »;   elle aura à « ouvrir le panier à linge du 2709, mettre le linge sale dans le panier, marcher jusqu’à la laveuse, me pencher pour déposer le linge dedans, tourner les pitons, me repencher pour reprendre le linge un coup lavé, le déposer dans la sécheuse, encore pitonner, plier, repasser, replacer ».  J’ai l’impression de vous décrire un film d’horreur.  Changeons de sujet!





VOCABULAIRE WOLOF suite :

Mes cours de Wolof sont très élémentaires.  Je ne demande à apprendre que l’essentiel.  C’est la ménagère de la 428, Ami Top qui est mon professeur.  Voici les nouveaux :

Maaaaaggggggnifireq! (ça va bien)
Waxalé :  le marchandage (mon sport favori)
Combien? :  Niata?
C’est cher, baisse le prix:  Defa cher! Wagni’co
Laisse-moi : Baymé!
Je n’achète pas :  Diè Nouma!


Quoi de neuf?

J’ai un autre surnom à ajouter aux autres :  Madame gentille!  Parfois c’est Madame Jolie Gentille.  Mieux encore, en marchant sur la Parchappe un m’a dit :  Bonjour la plus belle!  Décidément, mes marches sur le boulevard Lionel Groulx seront d’une tristessssssssse! 

PERDRE LE NORD À DAKAR

J’ai élargi mon quadrilatère de quelques kilomètres par conséquent de quelques heures.  Je déambule dans le centre ville, plus de deux heures, et à mon très grand bonheur :  aisément.  Enfin, le harcèlement est moins « lourd ». 

Lundi matan, il  est 9 h 45, la vie est belle, je vais simplement prendre ma marche sur la « route de la petite corniche ».  Rendu au grand escalier, celui qui mène à l’avenue Léopold Sédar Senghor l’idée m’est venu de les monter et d’aller explorer un autre coin que le mien.  Essoufflée, j’arrive juste à côté de La Présidence, un gendarme au kalachnikov  s’y trouve.  Je lui demande par où je vais pour me rendre sur la rue Mohamed V. 

Je connais cette rue, La Galette est au coin de M. V et Georges Pompidou.  Je me dis que si je la prends, je vais arriver à La Galette et retourner au Novotel facilement.   Il m’indique du doigt et non du kalachnikov, que je dois tourner à gauche et de prendre le boulevard de la République.   – Djeuredjeuf monsieur le gendarme!   Il affiche un grand sourire!

Je marche donc sur ses indications, et je me suis rendu compte que j’ai déjà marché ici, en 2006, alors que nous étions en transit.  Nous allions à un resto sur une rue pas loin.  Je devrais dire « nous courrions » parce qu’on se faisait harceler « pi pas à peu près ».  Malgré ça je m’égare et j’arrive là où se trouve La Cathédrale.  Je ne vois aucun nom de rue, mais je m’aperçois que je suis sur une grande avenue commerciale.  Et sur le coin que vois-je?  « Mon Ami »  une Librairie-Papeterie.  Qu’est-ce que je fais?  Tant qu’à être perdu, perdons un peu de temps;   j’entre!  Et quoi encore?  J’achète un roman d’une auteurE que j’aime bien;  Anita Shreve.  Jaime son style, je croyais avoir tout lu son œuvre, « Un amour volé » m’avait échappé.  Et pi des crayons mines 9mm pour Monsieur et pi un petit pad mémo. 

Il est 10 h 30 et « perdu le nord »;  je ne sais toujours pas où je me trouve, ni par où je dois m’en aller.  Au stand de cartes postales, j’en vois une avec les rues du « Plateau » qui est mon quartier.  Je l’ajoute donc dans mon panier.  À la caisse, je demande au Coréen et à la Coréenne derrière le comptoir de m’indiquer sur la carte où je suis.  Ils ne comprennent pas, ni ne parlent un mot de ma langue.  Il fait venir un commis qui me pointe « vous êtes ici ».  Je suis au coin du Boulevard de la République et de l’Avenue du Président Lamine Guèye.  LA rue des magasins;  des maaaagaaaaaasins?  Ça m’intéresse!  Je continue mon aventure, par la droite, sur L’Avenue du Président Chose.   Je me dis qu’à la minute où je vois la rue Assane Ndoye, je sais que si je la descends j’arrive au Novotel.  La carte postale me l’indique bien.  Marchons!

Je regarde les vitrines des Bijouteries « en Or », des bitiks de Boubous, etc.   Que vois-je de l’autre côté de la rue?   Une annonce KADEL et dedans la bitik des milliers de sandales toutes, plus belles les unes des autres.  Tsé?  Des sandales qui « flash »?  Avec des pierres, des brillants, dorés, enfin en plein ce que j’aime quoi.  Et ce n’est pas « made in china ».   KADEL est une marque de chaussure italienne que me dit la Libanaise qui est à la caisse.  Les chaussures italiennes et la flashante Madame Dakar font la paire.  Et des paires il y en a « en pagaille ».  Madame Dakar « capote »!  Comme je n’ai que 20 000 francs dans mon petit sac, je me contente d’une paire à 15 000. On reviendra capoter les poches pleines un autre jour.

Et je continue mon magasinage.  Tiens!  Un vendeur de « ticheurte » et de vêtements en batik très colorés.  Un ticheurte me plaît :  un Sénégalais joue du tam-tam et sa dame danse le Niébé (enfin c’est le mot que j’ai compris).  Et voilà que le jeu du « waxalé » commence.  Niata?
Vingt minutes plus tard, de 10 000 j’ai payé 2 000 pour le ticheurte;  et de 12 000 j’ai payé 2 000 pour un paréo et 800 de plus pour 2 petits sacs à bandoulières en tissus aux dessins africains.  J’en ai de toutes les couleurs.  Ceux-ci je ne les avais pas :  rose et turquoise mais toujours avec des motifs africains.  Le Sénégalais s’aperçoit que le waxalé ne défrise pas Madame Dakar.  Et il lui dit « Toi tu es trop malin!  Tu as tout d’une Sénégalaise!». - Djeuredeuf!

Et c’est ainsi que je rebrousse chemin, de préférence sur des rues « animées »  (ça me sécurise) et ce jusqu’au Novotel.  Je suis fauchée.  Il me reste quelques ferrailles, juste assez pour m’acheter une petite bouteille de « African fun ananas » parce qu’il n’y a pas de « Gazelle Ananas », une liqueur et non une bière.  Hé oui, chacun sa Gazelle! 

De retour à la 428, je m’empresse de mettre mes nouvelles sandales.  Ah bin sapristi!  J’avais mis que le pied droit à la bitik pour voir si c’était ok.  Les brides du pied gauche sont trop lâches, pas assez serré.  Je flotte dedans.   J’ai chaud, j’ai faim, je suis épuisée.  Je retournerai demain.  Le temps est venu d’aller prendre mon déjeuner à la piscine :  Club sandwich et coca zero!


LES SANDALES DE MADAME DAKAR PART TWO :


Mardi matan, retour à la bitik KADEL.  J’explique à la Libanaise mon trouble :  -  Pas de problème madame, faites votre choix.  Je change mes sandales, pour des plus belles encore.  Et  je capote sur une autre paire.  Rose fushia.  Mais elles sont à 18 000 et je n’ai que 17 000 dans mon sac rose.    – Allez, donne l’argent!  Et en plus elle me donne deux jolis porte-clé qui sont des babouches. Et deux sacs écologiques avec des « I Love Kadel » dessus.   Un proverbe Touareg dit :  Au premier voyage, on découvre, au second, on s’enrichit »

Je suis certes enrichi d’une deuxième paire de jolie sandale, par contre me voilà appauvri, « pauvre comme Job » je n’ai plus que 350 francs en poche.  Job est même pas capable de s’acheter une pointe de pissaladière à 500 francs, devant laquelle elle salive à la pâtisserie du coin.  Direction Novotel – Piscine –  Un croque Madame s’il vous plaît!

MAYE’MA’DIAM!

Est-ce que je me fais achaler en déambulant dans les rues du Plateau?  Est-ce que je dois dire « maye’ma’diam » qui veut « fous-moi la paix »
À ma grande surprise et surtout à mon grand plaisir :   Non, ou si peu.  Ça dépend jusqu’où je m’aventure.   Il y a toujours des vendeurs de « toutes les couleurs »,  est-ce l’habitude qui me gagne, mais ils ne sont pas aussi insistants comme à la Place de l’Indépendance et sur l’Avenue George Pompidou, qui est à mon avis la pire place à circuler. S’il y a un enfer, le tintamarre doit être comparable à celui de ce coin de Dakar.   J’ai beau répéter et répéter encore « NON Merci », certains ne me lâchent pas.

Toutefois je ne marche pas tranquille.  Les, comment les nommer, les « quêteux », les plus pauvres de la société, les handicapées, les plus démunis de la terre,  et qui sont tous assis par terre sur un morceau de carton, parce qu’il leur manque un bout de jambe ou je ne sais quoi, ou dans leur chaise roulante, ou les femmes avec de petits-enfants assis sur le trottoir et qui me quémandent tous « Maaaaadaaaaame! J’ai faim! »  ou « Maaaadaaaame, donne-moi! ».  Ça, je vous jure, ça prend beaucoup de sang froid pour le « traverser ».  Je continue mon chemin, je ne dis pas « maye’ma’diam » un nouveau mot qu’Ami m’a montré.  Certains me suivent et continuent à crier « famine ».  Ah la la!  Va falloir que je me laisse de la « ferraille » (terme utilisé ici pour la monnaie) pour remplir quelques plats en plastiques qu’ils me présentent.  Je pense que c’est ce qui me dérange le plus.  Me dérange non pas dans le sens dont ça m’importune, mais dans le sens dont cette injustice, elle m’afflige.  Ça m’attriste quoi!   

Hier, le pire que j’ai vu, c’est une jeune femme, quasiment défigurée.  Les lèvres lui manque.  Le nez presque. Pas de sourcil, le regard effaré.  On voit par la peau du visage qu’elle a été brûlée.  Et elle me rââââââle sa quête.  Je n’ai aucune ferraille.  Que des grosses coupures, deux 10 000.  Je ne la regarde pas, je marche comme si elle n’était pas là.  Elle me suit, en râââââlant.  Je suis teeeeeeeeellement mal!  Et dire que les premiers jours je chialais parce qu’on me harcelait avec des marchandises.  Ce que je viens de voir est l’horreur.  Mais impossible d’y échapper, il y en a partout. 




TON FRÈRE

Saviez-vous que Monsieur voyage avec son frère?  Lui ne le savait pas et moi non plus.  Les Sénégalais si!   En fait ça fait un bout de temps que le frère en question est avec Monsieur.  Et celui qui connaît bien Monsieur connaît aussi « ton frère ».  Je vous le présente :

Tous les jours, après la formation, vers 15 heures, il y a un repas de servi.   Il faut dire qu’elle se donne dans un Centre de Formation en Économie Familiale, donc il y a cours de cuisine.  S’il n’était que de Monsieur, il rentrerait de suite à l’hôtel.  Mais c’est impossible, car après le repas, c’est la Réunion de Régulation avec Le Comité Technique qui lui aussi suit la formation de Monsieur pour bien vérifier si Monsieur connaît son affaire.  C’est « très serré » que ce contrat.  Il demande beaucoup de temps à Monsieur.  Il bosse du matin au soir.  Khadime de la piscine dit qu’il est « une machine à travail ».   Chaque soir, et les weekends, il fait son rapport du jour et aussi des Fiches pour chaque participant.  Il paraît que les deux dernières entreprises engagées ont été congédiées après deux jours.  Un autre s’est congédié lui-même, il a foutu’l’camp après une journée.   Donc, Monsieur et R. ont intérêt à ne pas dire et faire n’importe quoi.  

Mais revenons à « ton frère »?

Monsieur ne mange que l’entrée, parce qu’il est 15 heures, et s’il mange à cette heure, je dînerai toute seule à 18 heures.  Passer la journée toute seule ne me dérange guère, mais dîner toute  seule?   NON!  J’ai mes limites.  Je tiens à dîner avec Monsieur et son frère! 

Un jour, Monsieur Fall, un des Formateurs demande :  -  Mais pourquoi tu ne manges pas?  Pourtant tu es avec ton frère!  - ?????  (Monsieur ne comprend pas).   – Mais oui, la première fois qu’on t’a vu, on a bien vu que tu voyageais avec « ton frère ».  - ?????   Voyant que Monsieur n’a pas idée qui est le frère en question.  Fall fait donc ce geste :  il pose ses deux mains sur sa bedaine et dit :  Mais oui « ton frère ».   


Et c’est ainsi que nous apprenons que Monsieur a un frère et qu’il en prend bien soin;  à tous les jours, avec La Gazelle et La Pression!




Voyager ajoute à sa vie! (Proverbe berbère)

….et à sa valise!   Quelques foulards par ci, quelques sandales par là, beaucoup de « bricoles » d’artisans.    Mais attention, je n’achète pas par besoin mais par charité.  Tous mes achats sont en fait une œuvre charitable.  Et je serai récompensé au centuple!

J’ai aussi ajouté quelques petits trucs du Chef Sénégalais du Novotel.  Il a une façon de servir les accompagnements du repas et les desserts qui m’a séduit dès le premier repas.  Un plaisir pour les yeux que je compte imiter de retour au 2709.  Quant au plaisir pour nos papilles gustatives, je ne sais pas si j’arriverai à imiter Thze Chef.  J’en doute!

MADAME FOULARD!

Vraisemblablement, je suis à faire une razzia de foulards.  Je pille mon jeune marchand à chaque fois que je le rencontre. J’en ai de toutes les couleurs : vert, rouge, jaune, orange, marron, turquoise, noir et blanc, blanc et noir et tous avec « du brillant » dedans.    Imelda Marcos et Céline Dion ajoutent des souliers à leur vie? (selon les rumeurs 3 000 paires pour Céline).  Madame Dakar a ajouté des foulards.  Je ne vous dirai pas combien j’en ai acheté, mais Monsieur m’a demandé si je ma « partais une business de foulard au Canada ».  Ha Ha! té bin drôle!!!! 

Selon Freud, les chaussures c’est un « substitut du phallus féminin ».  Autrement dit, le pied symbolise la puissance de la femme qui ne possède pas de pénis et en le couvrant nous le sortons définitivement de sa fonction organique pour en faire un objet de désir.  Ah bon?  J’aimerais bien savoir quel substitut je comble avec mes  foulards.  Ce que je sais, c’est que les foulards en question, ils sont très beaux et pas chers.   Le plus intéressant, c’est qu’ils sont en « pashmina ».  Vous connaissez?  Moi non plus.  Mon vendeur me dit que c’est une laine de chèvre,

Et parlant d’ajouter à sa vie, je devrai ajouter la recette de « crème caramel » dans mon livre de recette.  Monsieur en mange quasiment tous les soirs.  Et je lui vole quelques bouchées.   Il dit à Djibril :  « apporte une toute, toute petite cuillère pour Madame ».  Mais Le Chef, il dépose une grande portion de crème caramel et aussi de crème fouettée, ce qui permet à Madame Jolie Gentille  d’en manger, elle aussi.  Le Chef, cé mon ami! 

 Maintenant que nous faisons « partie de la famille Novotel » nous avons beaucoup de plaisir à l’heure des repas.  Tiens, hier, le serveur numéro 7, m’a offert « l’infusion ».  J’ai pris « Après-Repas » et l’autre soir, j’ai pris « Ligne Svelte ».  Ah la la!  Les Serveurs, ils vont me MANQUER… j’vous dis pas!  Heureusement  que nous revenons en mai, le temps du BBQ sera arrivé.  Ça, le BBQ, ça épargne bien des labeurs à Madame CHOSE.

Et c’est sur cette note nostalgique que je vous dis à la prochaine!
JOYEUSES PÂQUES!