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26 oct. 2011

RETOUR À NOUAKCHOTT


Depuis 25 ans que nous ratissons le continent africain parfois sur des compagnies aériennes de pacotille et jamais nous n’avons perdu un seul morceau.   Enfin ; il y a eu le tout premier voyage, la première fois que nous y avons mis les pieds.  C’était en Algérie, mai 1981.  Les nouveaux mariés que nous étions, avaient expédié par bateau une armada d’effets personnels empilés dans un immense container.  Nous ne l’avons jamais revu.  Votre virtuose correspondante y a d’ailleurs perdu son violon.  Hé oui, il fut un temps où j’étais « premier violon » dans l’orchestre symphonique de Fleurimont plus précisément à la salle  du chemin G.  Pendant deux ans,  une foule sélecte  mes deux chats Timothée  et Toc me « miaulissaient ».  Malheureusement ma carrière fut écourtée au courant de l'été 1981, par la perte de mon instrument au Port d’Alger la Blanche.  Dommage,  je jouais « il était un petit navire » aussi bien que mon « homonyme » Menuhin

.  Or voilà que 25 ans plus tard, dans un court trajet entre Tunis, correspondance à Casa vers Nouakchott, une valise ne suit pas.    







Une valise et des vêtements ça se remplace facilement.  Mais dans la valise il y avait, vous savez, des objets qui nous tiennent à cœur et qu’on a peine à remplacer comme notre premier « bécique », notre premier char, ici c’est le premier Mac de monsieur. Il y portait un petit attachement particulier.  Pi moi avec : il était devenu, au fil des voyages, mon compagnon.  C’est avec le vieux Mac que j’écrivais mes carnets.  Sans lui je deviens muette !  C’est la responsable du Centre d’affaires du Novotel qui m’a sortie de mon mutisme et m’a redonnée le clavier ce matin.  Je lui ai donnée un sac à main lundi.  Un magasine « Femme actuelle » hier.  Des échantillons de parfum aussi. Et ce matin je lui ai demandé si je pouvais taper à la machine.  C’est combien ?  -d’habitude on charge mais toi tu peux le faire gratuitement.   Comment on appelle ça ?  Du trafic d’influence ?  Non non de la débrouillardise en cas désespéré ! 

Parlant désespéré, je l’étais devant la perte de mon bouquin.  Comme il était très lourd (1146 pages) mon roman « La rose pourpre et le lys » était dans la valise.  William Rackam, Sugar, Henry Rackam et Mrs Fox ne m’accompagnent plus.  Allah sait ce qu’ils font et où ils sont rendus.  Je le dégustais « à grande gorgée » ce roman.  Perdre un livre dans un pays d’abondance n’est pas un drame je le remplacerais à l’instant.  Je ne peux vivre sans un livre !  Mais dans un bled au milieu du Sahara, perdre un morceau qui meuble agréablement ton existence est dramatique. Il n’y a pas de librairie à Nouakchott.  Sauf une qui n’offre que des corans.  Je n’avais pas le moral les premières heures de mon arrivée disons.   Heureusement que je suis brillante et que mes idées le sont doublement (et que l’humilité ne me dépeigne pas que vous me diriez): j’avais mis dans ma valise cabine un petit roman de poche « Tout ce que j’aimais » (mon dieu un titre de circonstance).  Il semble à première lecture  intéressant.  Mais Sugar et William occupent toujours mes pensées.

Toutefois n’allez pas croire que ce désagrément assombri notre séjour.  Pas du tout.  « On est fait fort » comme l’Expert me dit.  Dès le premier regard en ouvrant les rideaux, le 13 janvier, 9 heures, Nouakchott nous est apparue inchangée. La personne qui vous parle en ce moment a ressenti le même enchantement devant le très beau tableau, sur le balcon de la 406 du Novotel.  Rien n’a bougé : les villas, les arbres, les palmiers, le soleil. 

 Là-bas à l’horizon, derrière la ville,  des dunes de sables!  Image bien appréciée de la personne qui vous parle.  Elle a tourné la tête vers la droite, focussé son regard vers le bas, et en l’espace de, bof disons 2 ou 3 secondes, a décidé de son emploi du temps pour les dix jours qu’elle passera à Nouakchott : Dolce farniente au bord de piscine sur sa chaise longue en dessous de le pergola.  William et Sugar n’y seront pas mais Bill, Erica et Léo et j’en oubli les autres lui tiendront compagnie.

Je dis que rien n’a bougé, rien n’a changé ?  Je dois vous dire qu’une chose n’est pas pareil : la luminosité.  En avril dernier c’était éblouissant.   Nous sommes dans la saison de l’harmattan la saison des vents et ici qui dit vents dits sable dans l’air.  Du sable et du sable et encore du sable il y en a tellement qu’on en a sur les lèvres, sur la peau.  La ménagère me dit que ça donne la toux.  Tiens a-t-elle raison ?  L’expert a mal à la gorge ce matin. 

Je dis rien n’a changé, mais la température si.  La nuit c’est 14 degré et le jour 22 ou autour de.    Ici c’est froid, très froid 14 degré.  Pour eux je veux dire.  Ils s’en plaignent comme nous à des moins 20° ils disent qu’à 14 ils sont « à la limite ».    Le chauffeur de M. qui vient reconduire A. lui dit hier, parce que sa voiture ne partait pas  -c’est parce qu’il fait froid.  A. lui dit : mais non c’est parce que tu l’as noyé.  -  Non non patron, c’est le froid qui fait ça !  Bon ok, il a fait semblant de le croire.  Le boy piscine, nettoie tous les matins la dite piscine, le fonds est couvert de sable.  Il a une tuque, un manteau d’hiver comme s’il allait faire du ski après.  Il me voit, coquettement vêtue de mon « maillot de barbie » rose  (n’ayant d’elle que le maillot), - mais madame tu n’as pas froid ?  Il ne le sait pas mais 22 degré chez-nous c’est chaud.  Et je lui explique.  A son tour de faire semblant de me croire ?

Pendant que j’y pense, je vous raconte un petit fait cocasse.   Le premier jour, comme A. voulait avoir des vêtements propres le dimanche, nous les donnons à la blanchisseuse de la blanchisserie de l’hôtel.  Si on donne le sac avant 9 heures on  nous le remet le jour même.  Les très précieux vêtements reviennent bel et bien l’après midi mais Ohhh drame ohhh désespoir ;  avec une autre chemise dans le sac!  Où est MAAAAAA chemise ?  Heureusement nous étions les premiers à recevoir le lavage.  Quand même, ils ont fouillé tous les sacs pour retrouver SA chemise !  Ah yaille yaille !  

 Une autre encore ?  Comme tous les jours nous devons aller à l’aéroport au « Litige bagages » voir si la valise est revenue, nous prenons un taxi.  Vous vous rappelez ?   Les vieux taxis Mercedes ?  Hier c’était non pas un vieux mais une très vieille baraque en décomposition qui jadis était une Renault. Des parties attachées avec des broches, les phares avant et arrière cassés,  une épave quoi !  Le siège avant où A. est assis n’est pas attaché. Moi en arrière j’ai le toit gondolant qui me tombe presque sur la tête.  Ce que je décris semble invraisemblable, mais c’est vraiment une épave.   Mais on le prend quand même.  Ces moments nous amusent quoi. 

En route le taximan doit  à maintes reprises « restarter » et on avance clopin-clopant.  Le moteur arrête une dernière fois et rends l’âme.  Il nous reste encore disons 1 km à faire.  Le chauffeur débarque et nous hèle un autre taxi.  On lui dit de laisser faire nous finirons à pieds, nous y sommes presque.  A. paye quand même la course 500 ouguiyas (2$) et nous faisons…bof…10 pas ? Voilà qu’une une belle Mercedes arrête et nous invite à monter.  On pense que c’est par courtoisie, mais non, il nous dit avant de sortir : -tu me donnes ce que tu veux !  Et il dit qu’il nous attend.   Tiens voilà 500 !  Et la valise n’est toujours pas arrivée !  Non seulement ça ils ne l’ont pas encore localisée.  On aura certes à en faire notre « deuil » de nos affaires.  Snif ! Snif !

Tant qu’à vous parler de l’aéroport.  Voilà un autre endroit inchangé.  Les bagagistes qui nous embêtent jusqu’à épuisement y rôdent toujours.  Dès qu’ils nous aperçoivent  la junte et les chariots nous attendent de pieds ferme pendant que nous passons les douanes. Un a réussi à nous gourer à notre arrivée.  A lui disait NON Merci !  La navette du Novotel est là !  Il est revenu avec la pancarte de la navette en main.  Je me suis laissé prendre : j’ai dit OK.  Grave erreur.  Il prends nos tickets, s’occupe de récupérer les valises.  C’est lui qui nous a annoncé que la « valise verte » n’y est pas.  Lui qui est allé  eeee non lui qui a dirigé A. au kiosque « Litiges Bagages » enfin bref, une heure plus tard, avant de prendre place dans la navette, avec le vrai chauffeur,  le bagagiste demande à A. rien de moins QUE 50 Euros !  70$  Non mais ça ne va pas !  Je te donne 2000 c’est très bien payé !  Vous ne le croirez pas : il refuse les 2000.    On est fatigué, tanné, écoeuré, on veut aller dormir !  On le laisse sur le pavé du stationnement !  Les négociations y’en a marre que dit l’Expert.  La dernière qu’il a subit est à Tunis.  Deux stagiaires qui non seulement voulait les 8 dinars la page, mais demandaient le montant des frais de banque en plus.   Et le comble ?  Un montant pour le taxi ! Sous prétexte que leur salaire arrivait directement au travail ; ils devaient se déplacer  pour aller chercher leur chèque au W. Union.  Ils se sont effectivement déplacer.  A. leur a dit qu’il n’y avait plus de modules pour eux.  Dégage !  

Parlant de se faire gourer : les grands bourlingueurs que nous sommes, familiers avec les négociations internationales de tout genre, se sont fait prendre pi pas à peu près.  Je vous raconte : Nous sommes au Marché Capitale, les souks de Nouakchott.  C’est dimanche, on est à la recherche de caleçon XL et je mime des shorts au vendeur parce qu’il nous montre des slips bleu royal fluo sur le bord de s’appeler slip bikini. - Non non mon mêri ne porte pas ces horreurs.   Dans les Souks, c’est comme chez Jean Coutu, on trouve tout, et même  « un banquier ».  C’est AZIZ.    Il change les euros contre des ouguiyas.  Nous avons en poche 60$ can.  Et on négocie…ah la la….encore une fois, négociation !  Aziz nous dit que le $ américain vaut 180.  Pourtant à l’hôtel on a échangé nos Euros à 305 pour 1 euro.  L’équation était très simple : nous n’avions qu’à soustraire 37% de 305 et on aurait eu le montant exact.  Sapristi, Allah sait où on avait la tête, on s’est fait « fourrer » comme deux imbéciles et calculatrice en main s.v.p. !  Aziz nous a donné  7000 ouguiyas pour 60$.  Je vous laisse faire le calcul, je suis trop gênée pour vous le dire.  On y comprend rien ! Pourquoi ce manque de sagacité certains jours ? Je ne sais pas, des fois on dirait que notre cerveau est séché par le vent ? Le soleil ? La nonchalance ? Ou comme le dit A. : trop de sable dans l’engrenage ?  

Par contre je me suis reprise quelques pas plus loin.  Un joli sac à main couleur argent m’est sauté en pleine face. – C’est combien ?  -3500   - je te donne 1000   - donne 2700 et de négo en négo je fini par – 1500 ou rien !  et fais mine de partir.  –OK donne « l’agent » !  Quelques pas plus loin, trois kiosques plus loin, me saute encore en pleine face le même sac mais doré, couleur que je préfère.   Je demande :  - je peux échanger ?  -donne 200.  Je lui donne 100 et deux stylos C..... !  Et suis repartie avec mon beau sac en or !  C’est ainsi que j’ai donné mon petit sac noir à ma gentille responsable de Centre d’Affaires.  Voilà, des fois on fait de mauvaises affaires et d’autres, j’ose dire la plupart du temps, de très bonnes…Inch’Allah !  Je suis rendue comme eux, à dire Inch’Allah à tout propos.  Et prononcé en narabe s.v.p.  le HHHhhhh bien HHHHaspiré et le RRRRAAAh bien gutural !  Je vous mentionne les stylos C....  Je « beurre » le continent africain des stylos C... depuis des années.    « Madame Stylo » a un compétiteur au Novotel de Nouakchott.  L’autre jour, à la caisse du resto, je donnais un stylo au caissier et je vois dans le hall d’entrée un Australien qui donnait aussi des stylos.  WOE monsieur chose !  Il m’a vu, avec un grand sourire,  je lui en ai donné un et en retour lui aussi.  Il est cheap le sien.  Le caissier regardait le mien et l’a mis dans sa poche et laissé le cheap australien au bord de sa caisse. 

Je reviens aux vêtements que nous avons achetés dès la première journée.  C’est pas facile faire « du shopping » ici.  Il n’y a pas Carrefour ou Marjane. On a donc demandé à la réception où on pouvait réhabiller monsieur ?   Il y a en face de l’hôtel une  mercerie Wrangler qui s’enrichi avec les clients du Novotel « pognés tout nus » comme celui de la 406. C’est là que nous avons revêtu l’Expert.   Le voici donc habillé comme un sous neuf : un pantalon gris un peu trop grand qui a plutôt l’allure d’un Saroual que d’un jeans, une belle chemise,  un t-shirt, avec ironie du sort, inscription:  « quick match » sur le devant, un caleçon à l’élastique un peu trop serré ou est-ce le bedon qui est un peu trop « prononcé » et des chaussettes un peu trop minces.  Des bas de nylon que dit l’ancien tout nu.  Vêtu de son nouveau « costume » l’Expert quitte vers les 8 h 45 pour le bureau.  Il l’a bien jonglé cette mission durant celle de Tunis.  Un casse-tête qu’était devenue ce projet.  Surtout à cause de la GT, vous vous rappeles d'elle ?  Elle n’est plus là au grand soulagement de l’Expert.  Et ça se passe à merveille !   Depuis lundi il fait ses présentations power point sur l’APC version l’Expert.   Tous lui disent qu’ils n’ont jamais vu une telle version.  Ils en veulent tous une copie.  Ce que A. refuse toujours.  Il dit : -derrière chaque diapo il y a un discours vous ne pouvez pas avoir juste les diapos.  Ce qu’il ne dit pas c’est que cette présentation est un travail ; un labeur de nombreuses années qu’il a monté lui-même, les soirs ; les week-ends, les congés et il ne veut pas donner gratuitement le résultat.  Il dit que  - c’est comme si on demandait à un mécanicien de donner son coffre d’outils.  IMPENSABLE !   Et bien sûr, va sans dire mais je le dis : avec son « coffre d’outils » il fait « un tabac ». Tous les formateurs, directeurs, Nouakchott en entier réclame sa présence.  Je le gonfle et j’exagère bien sûr, mais reste qu’il est très apprécié et il en est très content.   But, il doit poursuivre sa mission.  Aller semer la « bonne parole » au Maroc.  Et moi parfumer ses rues ! Nous quittons, valise arrivée ou pas, samedi à 03 :35 le matin.  Nous serons à CASABLANCA pour 5 ou 6 ou ??? semaines.  Inch’Allah !

 Entre temps nous allons tous les soirs prendre quelques bouffées de sable avant de bouffer au charmant resto de l’hôtel.  Tiens, c’est bien la première fois que je ne vous décris pas ce qui « orne » nos assiettes et réjouit nos papilles gustatives !  Et ce n’est pas ici que je le ferai.  Nous mangeons très bien.  Très très bien.  On est très bien au SOFITEL.  Le personnel est sympa, super gentil.  Et les jours, malgré les petits embêtements du premier et les petits fait cocasses s’écoulent doucement.   Bon, je crois bien avoir raconté un peu de not’vécu du moment.  Je retourne à la piscine.  Erica et Léo m’y attendent.  Il reste queeeee je voudrais bien savoir ce que font Henry et Sugar !  Hhhhhhhhhh (soupir un peu triste je vous dirais). 

A’s’lemaaah et à la prochaine ! Probablement de l’Hôtel Farah de l’Avenue des Forces Armées de Casa !