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15 oct. 2015

Le sable dans l'assiette!

Mardi le 13 octobre 2015 

« Sitôt que je mis un pied hors de la carlingue, l’haleine de ce territoire m’enlaça, caressa mes oreilles, frôla mes lèvres et j’eus la certitude que, par cet effleurement, le désert m’offrait une accolade de bienvenue ! »  (Eric-Emmanuel Schmitt/La nuit de feu) 

Comme E.E. Schmitt, les brûlants 40°C m’ont aussi souhaité la bienvenue et d’une manière et sensation tout autant agréable. Lui à Tamanrasset, moi à Niamey. Les deux nous aimons le désert, je l’ai senti à la lecture de son livre La nuit de feu. J’aime cet auteur. J’ai aimé ce dernier livre.

Bon, revenons à Niamey ?  Un proverbe Touareg dit :   Au premier voyage on découvre, au second on s’enrichit.  

Dans la Navette qui nous conduit au Grand Hôtel, un air de « déjà vue », mais celles qui me rappellent Nioro du Sahel, ou j’ai habité durant deux ans. Où j’ai aimé habiter. Tout a couleur « beige » la couleur du sable. C’est la deuxième fois que je viens ici, il me semble que c’est la première fois que je « regarde » les images jusqu’à l’hôtel.

J’aimerais tellement m’enrichir, découvrir, explorer, ne fut-ce que le quartier où j’habite.  Mais, bien malheureusement, à cause d’une « gang de crétins » qui ont décidé que je ne le pouvais pas, je me contenterai d’avoir de « nouveaux yeux ».  C’est Charles Baudelaire qui écrivait ça :  « Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux »    Je passerai donc ces 6 prochaines semaines, en « retraite fermée » au Cloître du Niger avec mes nouveaux yeux. lolJ  D’ailleurs, le soir, à l’heure de la savoureuse « bière pression », vers 18 h 30, les couchers de soleil époustouflants me semblent tout nouveaux.  Mais où j’étais en mars dernier ?  



J’aurais tellement aimé en voir plus. Mon tout charmant Touareg, Issa, rencontré au Méridien, m’avait dit qu’il m’inviterait chez-lui siiiiiiii il n’y avait pas « autant d’histoires ».  Il serait venu me chercher au Grand Hôtel.  « On ne peut même plus avoir confiance à son voisin » m’a-t-il dit. Je me voyais à dos de chameau, passer une nuit comme E.E.Shmitt dans le désert, mais ne pas m’y perdre, comme lui par exemple. 

   HHHHHAhhhhhhhhh (soupir). Bordel de meeeeeeerde !

Cela étant dit et soupiré, j’ai une histoire.

Moi qui croyait n’avoir rien à dire de tout le séjour, voilà que j’ai « un sujet » ?  Je suis contente, pendant que j’écris le temps s’écoule doucement au fil des mots que je tape sur mon clavier.
        

Enlever le sable dans l’assiette !

Connaissez-vous cette expression ?  Moi non plus, je ne la connaissais pas jusqu’à hier. Et c’est Moussa, le chauffeur de taxi qui a dit ça à A.  Et pourquoi il a dit ça ?  Je raconte.

À l’hôtel, nous avons le choix entre deux chauffeurs de taxi : Diallo et Moussa.  Diallo il a un vieux taxi.  Selon lui c’est une Toyota. - Quelle année ?  Diallo ne le sait pas.  Il dit que c’est la « première des premières Toyota ». Nous le croyons, elle est tellement première, qu’elle nous semble tenir à « bout de broches » tellement elle est délabrée.  Même que parfois elle tombe en panne « drette dans le trafic ».  C’est arrivé à A. et R. en mars dernier.  - C’est le carburateur que dit Diallo. Alors, quand le carburateur va, et quand nous avons de « petites commissions » à faire comme au Supermarché ou comme samedi matin chez Orange pour nos portables, sans oublier que nous voulons aussi permettre aux chauffeurs de gagner leur pain, nous optons pour « Le vieux ». Le seul problème que nous avons avec lui, c’est qu’il faut lui dire de ne « pas peser sur le gaz » trop fort.  Il a tendance à rouler vite not’vieux.  Vu les conditions routières et les conducteurs imprudents, et l’état du vieux tacot de Diallo,  rouler prudemment est impératif. On voit des accidents à tous les coins de rue.  J’exagère qu’un peu.


Mais, lundi matin, pour aller au travail, A. a préfèré s’y rendre « pas trop vite et en sécurité ».  Donc, l’option Moussa était préférable. Son taxi est en « meilleure forme » et il est très prudent.  Sauf que Moussa,  il a « plus faim » que Diallo.  C’est à dire que son prix est plus élevé voire même faramineux parfois.  Diallo demande 5 000 francs l’heure.  Moussa ?  Ça dépend.  On l’apprend après la course.  Discussion à tout coup. Déception à tout coup.  Exemple ?

A. lui demande de le reconduire au « Latérite numéro 3 ».  C’est ce qu’il faut dire pour donner la direction du bureau. A. s’attendait donc à payer « pas trop cher ».  Mauvais calcul.  Moussa annonce 7 500 francs pour une course de 30 minutes. (1$ = 440 FCFA)  A. a beau tenter de lui faire comprendre que c’est exorbitant pour si peu de temps, que 7 500 c’est le prix que « le vieux » nous a chargé samedi matin pour 2 heures de temps. Rien à faire, Moussa réclame ses 7 500 francs lui chantant son éternelle chanson « ce n’est pas facile, j’ai une famille qui doit manger et bla bla bla ».   

Comme A. ne sait pas jusqu’à quelle heure il sera au boulot, il demande à Moussa d’attendre un peu qu’il va voir de quoi il en est.  Lorsqu’il lui revient, c’est un tout autre scénario.  Z. un Nigérien qui est dans le groupe de formateurs, a dit à A. qu’il peut aller le reconduire en fin d’après-midi.  

Bien content de cette proposition qui l’arrange et lui épargnera les accablantes discussions avec Moussa,  il retourne donc voir ce dernier et lui dit de repartir, que Z. va s’occuper de lui au retour.  Il lui paye les 7500 francs réclamés et « merci beaucoup bonsoir ! » comme on le dit dans mon pays.

Le soir venu (14h45), Z. le ramène comme convenu.  Moussa est assis sur les chaises réservées aux chauffeurs de taxi, juste à côté de la porte d’entrée.  Il se lève, vient voir André et lui dit : 

-Il a mis du sable dans mon assiette celui-là !

André lui dit que non. 

- Plutôt que de prendre un peu à la fois, tu as préféré tout bouffer d’un coup.  C’est toi qui es responsable du sable dans ton assiette.  Et ce n’est pas lui qui en a mis, mais c’est moi, parce que tu exagères tout le temps le prix.  


Note : Hier, Diallo dit à A. que Moussa c’était « Le Caporal ».   – Et toi ? Tu es le Capitaine ?  - Oui, petit capitaine.  Je crois comprendre qu’il y a une certaine compétition entre les deux.


Chronique littéraire :

La fille du train.  Ahhhhhhh vraiment, si vous avez un livre à vous acheter ou à donner en cadeau, c’est LE livre de l’année. 3 000 000 de lecteurs sont de mon avis.   Un « page turner » comme disent les méchants américains.  Tellement bon, tellement bien écrit, tellement prenant, un suspense qui nous tient à chaque chapitre.  Ce livre, je le savoure à petite gorgée pour ne pas le terminer trop vite.  J’ai bien fait de me le réserver pour ici.  Mes heures passées sous mon palmier de la piscine, sont un pur délice. Je ne m’ennuie pas.