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13 févr. 2016

Française ou Canadienne?



Je ne parle pas « canadien » qu’il m’a dit le marocain qui est venu terminé son café à ma table, au petit déjeuner. Je devrais plutôt dire l’hurluberlu qui a pris son café à ma table ce matin. 

Qui est-il? 

Depuis que j’habite ici, je l’ai vu à quelques reprises.  Le soir au Barbecue par exemple et au petit déjeuner aussi. Il vient, il part, il revient et repart.  La plupart du temps il est accompagné d’une « jolie demoiselle » du Niger.  Ce matin, il est seul à sa table.  Dès que je suis rentré il m’a dit, non, je devrais dire il a crié de sa table  - Madame, je te vois à la piscine, toujours la piscine !  Je lui jette un regard mais ne dit rien.  Il cri encore plus fort. 

Je te vois, à 10 heures  et tu es sur ta chaise longue. Tu te fais bronzer et tu fais la lecture et je te vois échanger avec le Maître nageur bla bla bla, bla bla bla, bla bla bla.    Enfin, il défile dans les moindres détails, tout ce que je fais depuis que j’habite ici.  Et les petites-déjeuneurs du restaurant en sont témoins.

Vous m’épiez ?   
- Ah mais je suis à la fenêtre de ma chambre et je vous regarde. (Et avec ses mains il dessine un corps bien moulé.) Des jours j’ai eu envi de vous saluer de ma fenêtre.

Il a un accent très prononcé que je reconnais très bien.  Il est arabe voire marocain etje mangerais ma tasse si il n’en était pas un.   

Il me demande si je veux une Omelette espagnole, comme celle qu’il mange.  –Je te l’offre. Je lui dis que je préfère mes Toasts. Que je commande à Amadou. Deux Toasts.  Ce dernier voit bien que je suis prise au dépourvu par ce drôle de pistolet.  Alors il vient à ma table et me dit - C’est un client, il fait trop la fête.  Je viens donc de comprendre l’exubérance du personnage. C’est un oiseau de nuit et elle vient de se terminer « sa nuit ».  Mais que fait-il au Niger ?

Il est assis de l’autre côté de la table du Buffet.  Je vois qu’il fait tout pour que je le regarde.  Je fais tout pour ne pas le faire.  Je garde le nez dans mon assiette.  Soudain, le marocain qui a fêté toute la nuit, vient me demander si il peut prendre place, en déposant sa tasse d’expresso sur ma table.  Il m’offre d’en prendre un avec lui.  Je le remercie, je préfère un café au lait.

Ça y est, je sens qu’il va me draguer !

Je suis quand même rassurée. Je vois que tous les Serveurs « me tchèquent » pendant que l’hurluberlu me fait la conversation. Je dis hurluberlu parce que sa façon de se comporter est des plus extravagantes.  Et il parle très fort.

- Ça fait dix ans que je vis ici. 
– Vous travaillez ici ?
- Non je demande la charité et on m’offre le couvert.
- Et vous faites quoi de vos journées à part m’épier de votre fenêtre ?
- Je fais beaucoup la fête.  Je voyage beaucoup.  Au Burkina, Guinée, Sénégal. Bla bla bla, bla bla bla,  

Enfin, je vois qu’il me barratine n’importe quoi, ce qui ne me dit rien sur lui réellement. Quand même, il est pas mal, je dirais qu'il approche la quarantaine, bien « friqué » comme on dit ici pour bien vêtu.  Il a une Rolex au bras. Il s’adresse aux Serveurs comme si c’était lui le propriétaire du Gaweye.  Il connaît tout le personnel et je vois que tout le personnel le connaît aussi. Malgré mes questions, je n’arrive pas à savoir ce qu’il fait vraiment dans la vie.

  Et il te drague ?  Mais bien sûr qu’il le fait.  Vous connaissez un arabe-marocain qui ne le fait pas quand une jolie femme (présomptueuse La Boutique ?) est assise toute seule à une table dans un restaurant ?  Je l’ai même vu vérifier le numéro de ma chambre, puisque la clé est sur la table, et on le voit très bien « en gros ».  Il me dit, entre autres : 
- Et ton mari il n’est pas jaloux ? 
- Mais pourquoi le serait-il ?
– Une belle femme comme toi, toute seule à l’hôtel et toute la journée… bla bla bla….. 
Je sens que vais devoir m’éclipser en douce du restaurant à la fin de cette « rencontre » de peur qu’il me suive. Mais avant, testons encore le personnage ?   

- Vous êtes marocain ?
- Ah tu as vu que je suis marocain.  Tu connais le Maroc ?  - Oui, très bien. - Tu connais Mohammedia ?  Oui j’ai mangé au resto sur le bord de la mer, je ne sais plus comment il s’appelait. Je connais mieux Casablanca.   

Bon, ok, je ne vais pas tout écrire la conversation. Elle a durée quoi. Passons toute suite à LA question :

Vous êtes françaises ?  
Non je suis canadienne 
- Ah non, ce n’est pas vrai. Tu n’as pas l’accent canadien.  Les canadiens ils parlent pas comme vous.  « Tabarnak, hostie ! » ( les baguettes en l’air) et répète encore….

Désolation à la table #20.  Tabarnak, hostie, câlisse ? C’est ça que nous laissons comme « image » à l’étranger ? C’est ce qu’il reste de « nous » ?  C’est pourtant bel et bien ce que j’entends ce matin et que j’ai entendu je ne sais combien de fois dans mes voyages. Ça m’écoeure royalement !  Hostie ! J Lol

 Alors je dis à celui qui ne cesse de prendre plaisir à sacrer, puisqu’il répète encore et encore « tabarnak, hostie d’câlisse cé pas d’même que ça marche ». Je lui dis :

- C’est tout ce que vous avez retenu des québécois que vous avez connus ? Vous avez rencontrez que les brutes, ce sont qu’eux qui parlent comme ça.

- Mais non, j’ai entendu ça de la bouche des Ingénieurs dans les Mines. 

Ah ?  Ingénieur ?  Mines ?

Après avoir tenté de le convaincre que les canadiens français ne sont pas tous des brutes, il persiste à me dire que je suis française.  Il me demande de le lui prouver, que je suis canadienne.  Que lui dire ?  Je cherche.  Non seulement que lui dire, mais comment le dire.  J’ai perdu mon accent ?  Ouais, un peu.  Je lui dis même ça, que c’est « par déformation professionnele que j’ai cet accent ».  Sur la table il y a mon petit sac dans lequel je mets mon iPhone, rouge à lèvres, etc.  Alors je m’applique bien à le dire le plus « ticoune » possible :

-Tu sé tu commin on appelle çaaa un naffffaille de maême ? Onnnnappelle çaaaa un sacooooche.

Et je le dis très vite.  Et il n’a rien compris.

- Ah mais non, tu imites bien là.  Tu es française.  Tu parles vraiment pas canadien.
- Et bien tu as raison, j’imite bien les canadiens !

Je le laisse faire son cinéma. Là, il a fini son café.  Moi aussi.  Je ne veux absolument pas prendre l’ascenseur avec lui.  Absolument pas.  Je me lève donc avec ma tasse, lui montrant que je vais m’en chercher une autre.  Ma troisième.  Et je lui dis -  Bonne journée ! 

Je suis chanceuse, deux jeunes femmes sont assises pas loin de ma table.  L’Hurluberlu va donc tenter de les séduire.  Ça n’a pas marché à la Table 20.

Comme je n’ai pas réussi à savoir qui il est vraiment et que ça m’intrigue,  en signant la facture, je demande au Maître D :  Qui est-ce ?

- C’est un bon client.  Il travaille dans les Mines d’OR.  Il a beaucoup d’argent.  Ça fait dix ans qu’il loge ici quand il est à Niamey. 

J’étais certaine qu’il avait du pognon.  Juste à le voir commander et donner ses ordres à tout le monde.  Et à se faire servir comme si il était le Roi du Maroc. J’étais certaine que l’hurluberlu était bien nanti.

Je croyais m’en être débarrassé.  Hé bien non.  À 10 heures, je regarde par ma fenêtre si « mon spot » est bien préparé par mon tout charmant Yao.  Qui vois-je ?  La « Mine d’OR » qui est assis sur une chaise longue de la piscine.  Putain !  Il va encore me déranger ? 

Peut-être pas.  Il y a des jeunes femmes avec lui. Dont une juste à côté de lui.  Me sauvera-t-elle ?  OUI.  Je suis descendu, je ne suis pas passé devant lui mais de l’autre côté de la piscine.  Et ne l’ai pas regardé. Enfin, avec mes verres fumés je le faisais.  Juste pour le voir faire avec les Nigériennes. Et commander ses bières.

De 10 heures à 11 h 45, il a bu 7 bières.  Et il a fait « suer » à peu près tout le personnel en poste à la piscine.  Le Barman surtout. 

J’ai donc eu la paix pour ma dernière matinée sous ma Paillote.  


Amen !