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3 nov. 2015

Mardi 3 novembre 2015

Les « Canadiens errants »* au SAFEM

*Petit Hassan, « mon assistant » à chaque fois qu’il nous voit, nous dit « Les canadiens errants ». 

Quand j’ai du temps libre J  Je regarde les nouvelles sur France 24.  On ne parle que de EUX, tsé?  les fouteurs de trouble de la planète?  Je dois avouer qu’à force de voir les horreurs qui se passent en ce moment autour « de chez-nous », disons que ce n’est pas une dame rassurée qui sort de son cloître pour aller au SAFEM.  J’avoue que j’ai vraiment la trouille.  Je n’oublie pas ce que Issa nous avait dit, au Méridien :   - On ne peut même plus faire confiance à son voisin !   Vous imaginez deux canadiens errants dans un Stade maintenant ?  Et dernièrement, deux femmes se sont fait "sauter".  J’ai la chance de voir autre chose que « mon territoire » actuel, alors je la force la chance ! 

Z. a d’abord acheté les 3 billets, 200 francs chacun.  Ensuite il a demandé à un des  Soldats armés de leur kalachnikov qui font "barrière" en plus de la réelle barrière à porte d’entrée,  si on pouvait passer tout de suite.  – Il faut faire la file!  C’est un peu rassurant de voir l’Armée à l’entrée  et ça ne l’est pas en même temps.  C’est signe qu’il y a danger non ?  

Il fait extrêmement chaud et on est collé-serré dans la longue file surpeuplée.  Z. est obligé de me prendre la main, sinon je vais me faire écraser ou encore faire du surplace tellement on se fait bousculer, pousser, tasser.  Je vois des jeunes filles m’examiner de la tête aux pieds.  Malgré le bronzage acquis depuis deux semaines,  je suis LA seule blanche dans la foule.

J’avoue qu’il ne faut pas être agoraphobe pour faire cette file.  A. est derrière moi il suit tout près.  Je dois maintenant m’agripper après la chemise de Z. parce qu’il doit tasser tout ce monde qui s’agglutine autour de nous.  Forcément, il a besoin de ses deux bras.  À un moment donné, A. me dit qu’il sent un homme le collé un peu trop près.  Effectivement, je le vois il est quasiment sur ses épaules.  Mais le pauvre, il n’aura pas ce qu’il convoite, si il en a l’intention, A. n’a rien dans sa poche.  C’est moi qui ai tout dans mon très chic petit sac « Barbara Rhill ».  Et il a mis son iPhone dans le fond de sa poche avant. 

Est-ce que j’ai déjà dit dans ce blogue qu’il fait chaud à Niamey ?  Je le répète encore ;   Il fait extrêmement chaud à Niamey.  Ce matin particulièrement, dans le « line up » ou nous sommes entassés les uns sur les autres, c’est étouffant.  La visite n’est pas commencée que nous sommes déjà tout en sueur.  Ça y est, c’est à notre tour.

 Avant de franchir la barrière, une Soldate me passe le « scanner ».  Mais il y a que moi et Z. qui avons réussi à passer.  Un Soldat a bloqué le passage juste après moi.  – C’est fini !  A-t-il crié en arrêtant le flux de son bras.   Et A. est « enfoui » dans le tas en arrière.  Il ne me suivait plus, plusieurs l’avaient dépassé.  Il devait quand même voir que LE seul blanc à part moi c’est lui et qu'on risque d'être ensemble?  Je dis donc, je devrais dire je crie donc au Soldat  - il faut laisser passer mon mari avec moi quand même !   

Ils me rassurent que par leur présence, les Soldats.  Pas par leur amabilité et gentillesse. Comme on dit dans "la langue de chez-nous" ils ont tous une "face'de'beu"!

Il est environs 10 heures, on commence la visite.  Nous circulons, de kiosque en kiosque tout plus colorés les uns des autres.  Je m’arrête, je discute avec les exposantes.  J’adore circuler dans les bazars africains.  Je ne vais pas énumérer tout les kiosques où j’ai fait un arrêt, ni toutes les discussions qu’il y a eu, ni tout ce que j’ai acheté, mais je dois dire que Z. semble très surpris de me voir si à l’aise dans tout ce bazar.  Il ne sait pas que madame, de par son grand âge, en a fait et refait das « bazars » et des « souks ».  Même que le voilà encore plus surpris :   a un kiosque du Mali, Z. dit  (je vais écrire au son ce qui se dit)  
- A ni soho’ma !  C’est le « Bonjour »  du Mali.  Alors vous voyez l’ex « Fatimata Koulybali » (ainsi qu’on m’appelait à Nioro du Sahel) continuer la conversation :

-       I ka kene ? (comment ça va ?)
-       So moho be di ? (comment va la famille ?) 
-   Mbaaaaa  ( bien).

Voyant les sourcils du malien en accent circonflexe, je lui raconte qu’il y a des années, je résidais à Nioro du Sahel et que j’apprenais la langue Bambara.  En fait, il n’y a pas que Z. et A. et le malien qui sont surpris, je me surprends moi-même de me rappeler cette litanie de salutations.  Faut dire que je l’ai répété durant + de 24 mois.  Il y a de quoi ne pas l’oublier.

Bon, on revient au SAFEM ?

J’apprécie Z. de plus en plus. J   Lorsque je veux faire des achats, avec « la couleur de ma peau » indéniablement  on l’associe à « l’épaisseur de mon portefeuille » et on veut le vider d’un coup.   Z.  se fait volontiers mon avocat.  Et je paye moins cher.  Comme au kiosque du Burkina Faso par exemple.  Un très joli éléphant fait avec des mini calebasses me coûtait au départ 12 000 francs.  J’ai négocié jusqu’à 5 500.  « Objection votre honneur »  mon tout charmant Z. lui dit  - non c’est trop, il faut lui faire à 4 000 !    - Mbaaaaa ! J

Un seul kiosque nous donne du fil à retordre, celui des paniers en paille, et du « village de Z. » en plus.   Ni moi ni mon avocat n’avons réussi à négocier un petit panier à moins de 2500 francs (5,70$).  C’est très cher, ça valait même pas 500 francs, mais bon.  J’avais le panier dans ma main, nous avions négocié, il fallait « nous encourager quand même » qu’a dit la nigérienne à Z.  On ne m’y reprendra plus.  Je ne touche pas avant de négocier.  C’est juste si je vais « zieuter » l’objet convoité.  Tiens, comme ce superbe foulard qu’un marocain a tissé de son volumineux métier à tisser.  Il est à en faire un autre.  Je ne le touche pas, mais je suis tombé en amour dès que je l’ai vu. Je le veux !   La négociation est longue, je vais juste vous dire que de 18 000 francs j’ai payé 5 000 francs et sans l’aide de mon avocat.

Nous sommes « dedans » le Palais, et à l’entrée c’est la place du Maroc.  Semble-t-il que c’est le Maroc qui finance le SAFEM.  Il y a un orchestre de musiciens marocains qui  agrémente la visite.  Avant de sortir, nous voyons qu’il y a un arabe qui, pour 1000 francs,  calligraphie notre prénom en arabe.  J’écris Suzanne sur un bout de papier et c’est vraiment très beau mon prénom calligraphié ainsi.  Et je paye à mon tout charmant avocat ceux de ces 3 enfants.

Voilà.  C’est la fin, il est 11 h 30, Z. doit rentrer. « C’est le weekend, je dois voir les enfants ».   La chance était avec nous, nous rentrons au cloître avec tout nos morceaux + mes quelques achats !  

TOUR DE NIAMEY

Je n’ai pas tout dit.  Avant d’aller au SAFEM on a été obligé d’attendre un peu.  Z. est venu nous chercher à 9 heures pile.  Il est à l’heure Z.  Lorsque nous sommes arrivés sur place, ce n’était pas l’heure encore.  Les exposants s’affairaient à l’installation de leurs kiosques.  – Qu’est-ce qu’on fait ?  On attend ?  On fait un tour ?   Je suis ravi de cette question.  J’aimerais bien faire un tour de Niamey.  Voir autre chose que la rue que je fais pour aller à mes supermarchés Hadad ou Marina.  Comme par exemple,  j’aimerais juste traverser le pont, celui que je vois de ma terrasse, j’aimerais bien passer dessus.  Dire que « je suis passer par-dessus le fleuve Niger » quoi !  C’est fait.  J’ai passé par-dessus.  Par-dessus le vieux et le neuf en plus.  Grande sortie que celle de ce matin.  Comme quoi aussi on fait son « petit bonheur » avec ce que on a.  On a rien ?  On est content de passer par-dessus un pont. 

Z. nous dit que la source du fleuve Niger est dans le Fouta Djallon, en Guinée-Conakry   J’ai déjà habité au Fouta Djallon.  On surnommait notre villa de Mamou  « La Maison Blanche de Péthel ».  Tout était blanc :   l’intérieur + l’extérieur + les 2 occupants.  Je fais brièvement un « retour » à Mamou dans mes pensées.    

Depuis que je viens ici, de mon poste d’observation, à voir le nombre de voitures qui traversent ledit pont, je me dis que de l'autre côté ça doit être bien intéressant.   Qui sait?  Peut-être y a-t-il un « centre-ville ».   Avec des magasins ?  Des boutiques de chaussures par exemple ?  Hé bien non, il n’y en a pas.  Rien. Niet. Nada !  Il y a l'Université de Niamey et encore ici, comme sur "ma rue" des boutiques en "tôles" des "bouis-bouis" qui n'intéressent pas la passagère de la Toyota.  

Je constate donc que ça ne me servirait à rien de séduire Moussa pour que je puisse aller « magasiner ».  Je suis confinée à aller encore et encore au Supermarché Hadad ou Marina.  Et être confiné à résidence pour le reste du séjour.  

MOUSSA

Je l’ai dans ma poche le Moussa.  Mais à quoi bon ?  Il vient me dire bonjour tous les matins, avant que je rentre dans la salle à manger.  Je sors de l’hôtel et j’entends tout le temps  «  Suzaaaaanne ! »  C’est Moussa qui me salut.  Ce matin, il me dit qu’on pourrait aller au « Marché des boubous » ?   Je lui dis que je ne peux pas sortir toute seule. 

Par moment, ça me désole quand même d'être assignée à résidence et n'avoir droit qu'à une sortie de temps en temps.    Du haut de mon "perchoir" (La Terrasse du Grand Hôtel) je vois à l'horizon que le désert est tout près.  Moussa me l'a dit que de l'autre bord du pont, là où je vois la colline, c'est le désert après.    Niamey n'est-il pas un Oasis dans ce désert?  Je suis comme Saint-Exupéry, j'aime le désert.  Il écrivait:  "J'ai toujours aimé le désert.  On s'assoit sur une dune de sable, on ne voit rien, on entend rien et cependant quelque chose rayonne en silence"  Je vais me contenter de m'asseoir sur ma chaise de la Terrasse, je vois la colliine, je vois le désert, j'entends les oiseaux et cependant quelque chose en silence!  Je suis sereine et très bien dans mon cloître.  J'entame ma 4e semaine de retraite fermée. 



L’autre jour, avec Diallo, je lui dit que j'aimerais acheter un « arrosoir » modulé comme une bouilloire, en plastique et très coloré, qu'on vends à la tonne dans les bouis-bouis de ma rue.   Ici on s’en sert avant la prière, pour se laver les pieds, les mains.  Pour moi, ça serait original et parfait pour arroser mes plantes du balcon.  Diallo me dit qu’il va y aller à ma place.  – Tu ne peux pas, on va te bouffer !   Je lui ai donner les 1000 francs et il m’en a acheter une. 

Le Riz de Niamey

Je ne suis pas juste passé par-dessus le pont.  J’ai appris « du neuf ».  Depuis le début, lorsque je mange du riz,  je me dis qu’il est savoureux.  Il a un goût bien spécial.  Je dirais même plus, je mange le restant que A. ne mange pas.  Dans mes moments de contemplations du matin, je vois sur les îlots du fleuve, entre les deux rives, des nigériens s’affairés dans ce qui me semble un « champ d’herbes vertes ».  On dirait une rizière ?  Je ne me suis pas trompée.  Je l’ai demandé à Z. quand on a passé par-dessus le vieux pont et en effet, le très bon riz que nous mangeons ne vient pas de Chine, Inde ou Pakistan mais bel et bien de ma ville, Niamey, de mon pays le Niger.  Et c’est le meilleur que j’ai mangé à date.  Je soupçonne même le cuisinier de mettre du beurre dedans.