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23 janv. 2016

Papiers!

Le moindre petit événement nous fait peur.  

Comme ce matin par exemple.

Nous sommes à bord du 4X4 Toyota de notre Chauffeur, KUNTA.   Comme chaque samedi matin 10 heures, nous allons au Supermarché.  À un carrefour, il y avait quatre Gendarmes,  dont deux en moto.  Tous armés.  Un fait signe à KUNTA de se garer.  Ça y est !   Qu’est-ce qu’il va nous arriver ?  On le sait, c’est ainsi que les kidnappings se font.   Des faux contrôles quoi.  Je l’ai vu sur France24.  Est-ce notre tour ?

Papiers !  Qu’ordonne un Gendarme.  (On se croirait à Libreville ?)   Et KUNTA qui cherche dans sa boîte à gants les papiers.  Et il cherche encore.  Et il trouve.  Il sort du 4X4  pour aller discuter « du problème » j’imagine.  Lequel ?  C’est la question que la dame assise en arrière se demande.  Comment faire autrement avec tout ce qui se passe autour de nous ?   

Pendant que KUNTA discute avec ce qui semble le Chef, parce que son costume n’a pas la même couleur (et il a la Kalachnikov avec lui), les trois autres font le tour du véhicule.  Aucun ne sourit, ils ont « une face de Beu » comme on dit chez-nous.  Je suis assise en arrière et A. en avant.  Une des faces de Beu se pointe dans ma fenêtre et me regarde, droits dans les yeux.  Je ne sais trop que faire.  Je lui souris ?  Je ne le regarde pas ?  Je lui jette un regard suppliant ?  Je me sauve ? J  Je l’ai aussi regardé droit dans les yeux et lui ai dit gentiment    – Bonjour.   Sans réponse.   Il a continué son tour de la 4X4 et vérifié à chaque fenêtre l’intérieur du 4X4.  Je me sens toute petite.

Par la fenêtre arrière, je vois mon cher KUNTA, un peu plus loin, il est debout devant un gros baril en métal avec LE Capitaine Chef et ce dernier me semble remplir une grande formule, sur le dessus du baril qui est certes « son bureau ».  Mais je vois aussi que KUNTA a l’air bien calme.  Il ne semble pas y avoir d’histoire, pour le moment en tout cas.

La question qu’on se pose à Libreville ;   est-ce que le Chauffeur devra payer une rançon?  On se la pose à Niamey en ce moment.   A. prépare 5 000 francs au cas où.  Aussi bien donner le maximum.  À Libreville 2 000 c’est suffisant.  Enfin, dépendant de la journée et surtout si c’est la fin du mois.  On ne connaît pas les règles de Niamey.  Enfin, les règles que nous connaissons font plus peur qu’autre chose.  On peut disparaître le temps de le dire.  Alors on attend KUNTA.  Très impatiemment.   Et il revient.    - Et puis ?  On t’a fait payer ?
-  Non Non, c’est parce que j’avais coupé quelqu’un là.  Il m’a donné un avertissement.  Je ne vais pas payer.  Ne t’inquiète pas. 


Pendant que nous faisons nos achats au supermarché, KUNTA s’offre pour faire nos achats de pommes et oranges dans le petit marché à côté.  – Moi je vais avoir de meilleurs prix et il faut être prudent.  Chez Hadad, un kilo de pommes coûte 7 500 francs,  alors que KUNTA les achète à 1 500 le kilo et pour les pommes et pour les oranges.  

Je l’aime bien le KUNTA.  C’est un vieux chauffeur très attentionné à son client…et sa cliente Suzanne surtout.  Je le gâte comme je gâtais Moussa.  Alors, à chaque fois, je lui achète une boîte de gâteaux.   Je sais qu’il aime ça.  Lorsque je demande un sachet (sac de plastique) pour mettre le paquet de « Madeleines au chocolat »  dedans, je dis à celui qui emballe  – C’est pour le chauffeur.  Il est tout surpris.  – Pour le chauffeur ?  -  Oui, je l’aime bien.  – Ah ça c’est gentil madame !  et il répète :  Des gâteaux pour le chauffeur Ah c’est vraiment gentil !  

Je le sais !  C’est moi la plus gentille du Niger !    J   

C’est samedi après-midi.  Nous sommes revenus vivants.  Il nous reste encore trois semaines avant la fin.  Je nous souhaite toute la chance du monde !   Même KUNTA nous dit d’être extrêmement prudent.