C’est le 15 mars
et c’est aujourd’hui que je n’ai plus l’âge que j’avais hier. Et ce passage qui
me rapproche de l’âge de la retraite me donne quelques frissons. Mais
avant de la prendre, ma retraite, je dois continuer à écrire dans mes
carnets. Ainsi, quand je me bercerai « au foyer »,
je lirai mes aventures. Je vous raconte les dernières vécues.
J’aime les
Librairies. J’en aime l’odeur et la «sérénité ouateuse » qu’on
y retrouve. J’aime les livres! Comme partout où je
vais, Dakar n’y échappera pas, un tour à la Librairie s’impose. Dans mon
guide, on m’indique qu’à La Librairie Aux Quatre Vents, 55
rue Félix Faure, «en plus de beaux ouvrages sur l’Afrique, on y trouve
également les best-sellers français du moment, la presse de l’Hexagone, des
plans de Dakar, des magazines. » Faut y aller! J’ai apporté
quelques romans, mais j’aimerais bien m’acheter un livre d’un écrivain
Sénégalais. Lire c’est voyager, voyager c’est lire. C’est
Victor Hugo qui écrivait ça. Et moi je dis que « voyager » avec
un écrivain du pays nous apprends beaucoup sur les gens et de la culture du
pays. Aussi, il nous faut une carte des rues de Dakar. Allons-y!
Samedi, 9 heures,
après avoir pris le p’tit-dèj buffet, nous repérons la rue Félix Faure sur la
petite carte du guide. Je crois bien que nous pouvons y aller sans problèmes :
on passe par là et pi par là et pi c’est là. Sortie porte côté du
boulevard de la Corniche. Et qui je vois de l’autre de la rue?
PACO. Je fais les présentations à Monsieur. Nous lui disons notre
destination. – Si vous voulez, je vais avec vous, je connais aux quatre
vents?
Il nous fait
monter le grand escalier avec ses longues marches.
Je me rends compte
qu’on se serait certes perdu, parce que cet escalier n’était pas dans notre
plan. Et commence un long périple dans les rues du « Plateau »,
le quartier où nous habitons, en fait c’est le Centre-ville de Dakar. On sent
que les Français sont déjà passés par ici, il y a plein de nom de rues qui le
prouve : rue Georges Pompidou, Victor Hugo, Zola, Kléber et ainsi de
suite. Et pi rue Félix Faure; nous voici à la Librairie. Je
réussis à dénicher un petit roman d’une écrivaine Sénégalaise; Mariama
Bâ - Une si longue lettre. Et A. trouve une carte
de Dakar.
Mais voilà que je
veux faire pipi. Je demande donc poliment à la Libanaise qui est à la
caisse, si je peux aller à la toilette? - Non, il n’y a pas! Me
dit-elle bêtement. J’ai eu envie de pisser par terre devant cette
Libanaise bête et méchante! André dit (pour qu’elle comprenne) - Et
elle? Elle chi parterre? Le temps de payer et nous
sortons. ADIEU la Librairie sans toilette! Bienvenue l’hôtel
Saint-Louis Sun avec toilette.
Note :
J’ai dit la Libanaise qui est à la caisse, parce que Paco me dit que
pratiquement TOUTES les bitiks, restaurants, hôtels, échopes, épiceries sont
propriété des Libanais.
Nous pensons que
le tour de ville est fini? Non, Paco nous dit qu’il faut aller par-là,
voir la Cathédrale. Je le soupçonne de vouloir nous amener à un endroit
précis. Et la visite continue et après la Cathédrale, le Ministère
de ci et de ça, l’Ambassade des américains, etc…etc…et que vois-je?
« Oh My God » comme disent les Américains, nous sommes au Terminus
d’autobus.
Sans Paco, jamais
nous aurions osé venir ici. En fait jamais nous aurions réussi à se
rendre jusqu’ici. D’ailleurs nous sommes les seuls « Toubab »
(lire blancs) dans le coin. Mais OH LA LA! quel coin!
C’est à cet
endroit que part et arrive les bus du Transport en commun. D’abord les Ndiaga
Ndiaye, des camionnettes Mercedes blanches à 30 places et les bus les
plus folkloriques de la planète à mon sens; les « Cars
rapides »,
des vieilles
camionnettes jaune et bleu, à 20 places. Ils sont incroyablement décorés
selon la fantaisie ou les convictions de chaque propriétaire :
dessins multicolores, avec des slogans- prières en arabe genre :
« Amdoullilah ». Il paraît qu’on les surnomme les « s’en
fout la mort » (et que c’est écrit en arabe sur les cars) en raison du
danger ambulant que représentent ces vieilles machines qui ont quasiment
« rendu l’âme » et qui cause nombre d’accidents grave. Paco me
dit qu’on les remplace de plus en plus par les Ndiaga Ndiaye. C’est
vraiment dommage, c’est tellement typique du Sénégal et ça met beaucoup de
couleur dans le décor. J’ai un magnifique tableau devant les
yeux. A. sort la caméra discrètement et clic clic quelques
photos. Pas évident de prendre des photos ici.
Après avoir
traversé le terminus, nous nous retrouvons au MARCHÉ SANDAGA. J’ai
vu bien des médinas, des souks, des bazars de tout genre dans ma vie, mais
comme le marché Sandaga? Jamais! Comment vous décrire ce bazar?
J’emprunte les mots de mon guide : « Une foule d’échoppes de
cordonniers, tailleurs, libraires, de vendeurs de tissus » et j’ajoute
de vêtements, de souliers, de cellulaires, de foulards, de verres fumés, de
montres, de vaisselle, de bols en plastique. Et j’ajoute
encore : de poissons, de viande, de légumes, de fruits,
d’épices, de céréales, et j’arrête ici car je pourrais remplir ma page.
Nous déambulons
dans une ruche bourdonnante, (odorante par endroits), et surtout grouillante de
monde et c’est très impressionnant. Je dirais même épeurant tellement
« ça grouille ». Je ne pense pas que nous revenions sans
Paco. Il y a danger ici, les « piques poquets » abondent
nous dit-on.
Je ne m'étais pas
trompé. Devinez où nous sommes? À LA FABRIQUE! Et comme par
hasard, juste devant celle de l’ami de Paco. Et son ami m’invite à
entrer : juste pour le plaisir des yeux. C’est très
sombre dans la fabrique. Il fait très chaud aussi. A. a le coco
tout en sueur. Il n'y a pas moins de 15 machines à coudre « à
pied » comme celle de ma grand-mère. Je comprends pourquoi on dit
« la fabrique » c’est ici qu’ils fabriquent ce que les « banas-banas »
(lire vendeurs) veulent nous vendre : des nappes, des robes, des
sacs à main et j’en passe.
Je me dis qu’il me
faut acheter un petit quelque chose. Des nappes? - Non merci, j’en
ai! Une robe? Djeredjeuf! Je vois sur un crochets
de petits sacs à bandoulière en tissus africains qui pourraient me servir pour
mettre mes lunettes. Après négociation d’usage, longue et avec humour
comme toujours, de 5 000 je suis à payer 1000 « parce que tu es
torop gentille ». J’ai payé 500 de trop je suis certaine, mais je
pense que les 500 autres iront à Paco.
Mais ça ne
s’arrête pas là. À quelques fabriques plus loin, la torop gentille
aperçoit aussi les mêmes petits sacs, mais un très joli en jaune. Le mien
est noir et blanc. Je veux le jaune et j’offre de faire l’échange.
Négociation d’usage. – Donne ta ferraille! A. lui remet une pièce
de 500 francs. Le vendeur me remet et mon sac noir et blanc et le
jaune.
Et nous revenons à
la maison, après plus de trois heures trente de marche. Vivement la
piscine et La Gazelle bien fraîche avec citron pour madame.
N’oublions pas que
ce soir « nous n’irons pas danser sans chemise et sans
pantalon » comme dit la chanson. Bien au contraire, ce soir on se
« chrome » because,
Tonight IS
THZEEEEEEEE NIGHT :
Nous fêtons la
torop gentille de Dakar!
Soirée que
je vous raconterai dans un autre chapitre. Pour le moment, je dois aller
au Casino me chercher un sandwich au thon. 600 francs au Casino contre 4
900 au Novotel.
Parlant bouffe, je
me gave de poissons « du jour » et fruits de mer depuis mon
arrivée. Monsieur aussi. Elle est pas belle la vie?