Lundi matin, 15
mars, en sortant du Novotel pour aller prendre ma marche matinale, j’entends
« Taxiiiiiiiiiii ? » et mon répondeur automatique
dit : Non Merci ! Mais, la voix féminine et la toute
jolie mini-voiture m’ont interpellée. Je reviens sur mes pas et
dit : - Une femme chauffeur de taxi ?
Et la jolie Sénégalaise me raconte l’histoire du « Taxi Sisters ». Elle me montre des photos de « la remise des clés » par Madame Wade (la femme du Président). Sachant que Monsieur se cherche « un beau taxi », j’explique son cas et elle me dit : - Mais je connais Monsieur, c’est moi qui l’a conduit ce matin ! Lui et l’autre là. Et je vais les chercher ce soir. - Ah la vous avez fait un Heureux ! que je lui dis.
Et la jolie Sénégalaise me raconte l’histoire du « Taxi Sisters ». Elle me montre des photos de « la remise des clés » par Madame Wade (la femme du Président). Sachant que Monsieur se cherche « un beau taxi », j’explique son cas et elle me dit : - Mais je connais Monsieur, c’est moi qui l’a conduit ce matin ! Lui et l’autre là. Et je vais les chercher ce soir. - Ah la vous avez fait un Heureux ! que je lui dis.
Depuis lundi
matan, 15 mars 2010, Monsieur a une
ChauffeurEEEEEE
Privée !
Avant de vous
parler d’elle, je vous fais lire cette chronique ; l’histoire
concernant les TAXI SISTERS. Il n’y en a
que neuf à Dakar. Et selon Monsieur, il a LA meilleure. Lisez
d’abord :
Depuis tout juste
un an, neuf femmes sillonnent Dakar au volant d’un taxi flambant neuf.
Intronisés par le président Wade à travers un projet d’entrepreneuriat féminin,
ces « Taxi sisters » expérimentent un nouveau métier jusque-là dévolu
exclusivement aux hommes. Bilan.
Ça tient presque
du miracle lorsqu’on en aperçoit une dans le capharnaüm automobile, place de
l’Indépendance, à Dakar. Des hordes de vieux taxis jaune et noir, âgés en
moyenne de 15 ans, débouchent des quatre coins de cette artère centrale et
crachent des volutes de fumée qui s’évanouissent dans la moiteur de l’air.
Quelques scooters teigneux ouvrent une percée dans ce dédale de véhicules,
tandis que quelques piétons se fraient courageusement un chemin au milieu de
cet enchevêtrement de tôle.
Sélectionnées par
le Fonds National pour la Promotion de l’Entrepreneuriat Féminin
C’est dans ce
joyeux foutoir automobile qu’une « Taxi sister » surgit pleine de grâce.
Aérienne. Apparition presque surréaliste, tant elle détonne avec
l’environnement brouillon urbain. C’est une Chery QQ, pimpant petit véhicule
chinois d’à peine quatre mètres de long, nouvellement introduit sur le
territoire sénégalais. Sa conductrice Mama Sakho n’est pas peu fière. Il faut
dire que la vie de cette jeune femme a radicalement changé depuis l’inauguration
en grande pompe par la Première dame du Sénégal, Viviane Wade, du projet Taxi
Sisters, le 18 septembre 2007. Ses yeux pétillent encore lorsqu’elle se
remémore l’événement et quelques dreadlocks espiègles s’agitent autour de son
visage : « C’était fort, on était comme des stars. Les gens se penchaient pour
s’assurer qu’on était bien des femmes. »
Dans cette
aventure, elles sont neuf à avoir étés sélectionnés par le Fonds National pour
la Promotion de l’Entrepreneuriat Féminin, en partenariat avec le
concessionnaire Espace Auto (Groupe CCBM), pour devenir les premières femmes
taxis au Sénégal et futures propriétaires de leur véhicule. Avec un but :
rembourser en cinq ans le prêt de 7 350 000 FCFA qui leur a été consenti par le
fonds, pour acheter leur taxi. Cette initiative soutenue par le Ministère de la
famille espère « favoriser l’insertion des femmes dans le tissu
socio-économique » précise M. Abdoulaye Seck, chargé de mission auprès du
FNPEF. Formation à la conduite, cours de gestion et même leçons d’auto-défense
organisée par le fond et Espace Auto, elles n’ont reculé devant rien pour
mettre toutes les chances de leur côté et réussir ce pari. « Je veux prouver à
tous les taxis hommes qu’une femme est capable d’être au volant d’un taxi, et
d’être son propre patron », ajoute Mama Sakho.
Les confrères des
Taxi sisters grincent des dents
Changer les
mentalités, améliorer la condition et la perception de l’emploi féminin, c’est
aussi ça, le projet Taxi Sisters. Alors qu’est-ce qu’en pensent les hommes ?
Pour Aliou N’Diaye, responsable des taxis stationnés devant le Novotel du
plateau, « les Taxis sisters nous ont fait perdre la moitié de nos courses car
elle bénéficient de places privilégiées devant le hall de la sortie de l’hôtel.
Nous, nous sommes derrière la barrière… C’est de la concurrence déloyale ! ».
Ce que ne conteste
pas le superviseur d’Espace auto, Monsieur Ousmane qui répond : « Les femmes
sont plus vulnérables et nous ne voulions pas les lâcher dans la nature. Alors,
nous avons conclu des accords avec quelques grands hôtels de la capitale pour
qu’elle puissent exercer leur activité en toute sécurité auprès d’une clientèle
ciblée, mais il reste plein d’autres endroits et elles ne sont que neuf ! ».
La Taxi Sisters de
Monsieur, elle s’appelle MAMA.
Et oui, c’est son
vrai nom : Mama
–
Original que lui a dit Monsieur.
Dans son joli
petit PoutPout jaune, elle vient chercher Monsieur le matin à la porte de
Novotel, ramasse R. au Farid et va les reconduire à la porte du Centre de
Formation. À 15 heures, Monsieur lui téléphone (ou c’est elle qui le fait
si elle est dans le coin) et elle revient les chercher pour les redéposer à la
porte de l’hôtel. Et il en sera ainsi pour tout le séjour. Inutile
de vous dire que Monsieur, il est très content.
Primo parce que
c’est une jolie Sénégalaise et qu’elle est torop gentille ; « super
sympa » pour employer encore ici ce que j’entends à la piscine. Pour
parler comme chez-nous : « elle a du Pep ». Secondo parce
que la petite Chevy QQ de la « Peppée », elle est climatisée, propre
et confortable. Monsieur ne peut demander mieux.
Inutile de vous
dire que TOURE pi sa vieille baraque et la gang de Taximan ne sont pas ravis de
cette initiative. Et Maman, quand elle passe devant eux le matin, elle klaxonne
et leur fait « des byes byes » ! André dit
qu’elle est très taquine. Elle lui demande « Tu as pensé à moi
hier ? » Il lui répond : Oui, toute la
nuit !
Et c’est ainsi que
chaque matin Monsieur quitte la 428 pour aller au bureau avec sa Maman.
Je rigole, mais le rôle de « maman », elle l’a joué
hier :
Monsieur a encore
une fois une extinction de voix. Il a la « voix cassée » comme
ils disent ici. Alors, de retour du boulot, Maman tourne à droite, arrête
devant une Pharmacie et dit à Monsieur : - Allez ! va te
chercher des médicaments ! L’ordre est exécuté, voilà
que Monsieur suce aux heures, 2 comprimées de HOMEOVOX. On
dit que c’est très efficace. On verra le résultat dans deux jours.
LE WOLOF
J’ai ajouté
trois mots à mon vocabulaire Wolof.
Il y avait le
premier : Djeredjeuf pour Merci.
Il me manquait le
NON : Dèdèt
Le
OUI : Wao
Comment
allez-vous ? NéNèDèf ?
Mais Dèdèt
Djeredjeuf ! je le répète toujours et encore aux 5 pas.
Et s’il y avait un mot Wolof pour « crisse moé la paix ». Je
vous jure que l’aurais appris dès le premier matin. Et je l’aurais
utilisé hier midi. Je vous raconte ma sortie ?
Il est 11 h 45, je
prends mon courage à deux mains, et je décide d’aller manger un Chawarma au Ali
Baba de la rue Georges Pompidou coin Mohammed V. Depuis quelques jours,
le trajet Novotel-Supermarché Casino sur l’Avenue Hassan II il se fait
sans trop d’histoire. On connaît bien Madame Non Merci. Alors on la
salue gentiment, tout en lui offrant quand même la marchandise, mais sans
harcèlement des premiers jours. Même qu’on l’appelle :
Madame Dakar !
Reste toujours
« les étrangers » qui me prennent encore pour une touriste française
et qui m’aborde : Française ? qui veut toujours dire
« viens à la fabrique là-bas ». Je réponds à ceux-là, lentement
et fermement : Merci je ne vais pas à la fabrique, je prends
une marche santé ! S’ils insistent, parce qu’ils le
font, l’automatisme se met en marche. Je répète ma formule jusqu’à ce
qu’ils me fichent la paix.
Hier, c’est la
première fois que je m’aventurais plus loin que le Casino. Le cauchemar
commence juste après. Surtout quand j’ai traversé, je devrais dire quand
je réussis à traverser l’Avenue du Président L. Sédar Senghor saine et
sauve. Une grande avenue et il y a un trafic fou. C’est bien
dommage que je ne puisse pas prendre de photos. Surtout sur les avenues
de fouillis. Je pense que ça serait indécent de sortir mon
appareil. Peut-être qu’un jour, avec Maman, lors d’une balade en taxi, je
réussirai à capter la « ruche grouillante » dans laquelle je
circule. Mais le faire toute seule sur la rue ? Dèdèt !
De l’autre côté de
la Place de l’Indépendance, je suis sur l’Avenue Georges Pompidou. Je
suis justement dans ladite ruche grouillante et dans un fouillis total.
Il y a tellement d’échoppes de tout genre sur le bord du trottoir, sur le
trottoir, à terre sur le trottoir et aussi tellement de banas-banas (vendeurs
ambulants), que je suis obligée de marcher dans la rue pour ne pas me faire
agresser. Et dans la rue il y en a encore. En plus que je
n’avais pas mon cellulaire, disons que je me sentais toute seule à Dakar.
Et voici un
vendeur de « ticheurte » qui m’aborde :
- Bonjour Madame
Dakar ! tu te souviens de moi ? C’est moi qui t’ai
échangé ton petit sac samedi matin.
Je sais très bien
que ce n’est pas lui et je suis très surprise je me demande comment il se fait
qu’il sait ça. Alors je lui sors ma formule de marche de santé et j’ai le
malheur d’ajouter que je vais manger un Chawarma. OH
L’ERREUR – Ali Baba c’est par là. Et bordel de
meeeeerde pour ne pas dire Crissssssssse il me suit jusqu’au Ali Baba,
m’offrant mille fois de le suivre « à la fabrique qui est juste là de
l’autre côté ». Pire encore, avant d’entrer au resto ; il me
dit : Tu m’achètes un hambourgueure ! et me baragouine je
ne sais plus quoi, j’ai les oreilles bouchées. Je n’en peux plus de
l’entendre. Je crois que c’est le pire rencontré à date. Lui et le
vendeur de tableau fait avec des ailes de papillons et qui veut que je
« le nourrisse parce qu’il a faim ». Ah yaille
yaille !
Je rentre au Ali
Baba, me commande mon Chawarma et un coca light. Le serveur m’indique une
table, et il s’occupe de ma commande, même qu’il me donne mon chawarma tout
prêt à manger, me verse mon coca dans le verre, place le verre devant moi, me
défait la serviette, je n’ai plus qu’à m’ouvrir la bouche. Jamais eu tant
de service dans un Snack chez-nous.
Mais je ne mange
pas tranquille. Dans la porte, l’autre « maudit faTiquant » qui
me fait signe me montrant il attend son hambourgueure. Alors je prends
mon temps. Je me dis qu’il va partir. Il ne part pas. Je sors
par l’autre porte, il est là. Et il ne me lâche pas jusqu’à la place de
l’Indépendance. J’ai répété tout le long « Je marche tranquille JE
NE VAIS PAS À LA FABRIQUEEEEEEEEEE » Il commence à me taper sur les
nerfs et il me gonfle de pas en pas. Ma marche de santé devient de plus
en plus stressante. Demain je MANGE À LA PISCINE !
Et puis j’entends
derrière moi une douce voix féminine : Madame, Madame, tu veux des
bracelets. C’est une jolie Sénégalaise, comme ma vendeuse Mariama.
Elle vends les mêmes bracelets, colliers et la elle a une calebasse de poupées
sur la tête. Il me reste 2 400 francs. Je n’apporte jamais beaucoup
de pognon sur moi. D’ailleurs c’est ce que je dis : - Mon
mari, il part avec le pognon, il me laisse juste assez d’argent pour
manger. Et le pognon en question, je le porte dans le petit
sac-bandoulière acheté au marché Sandaga. Elle me dit :
combien tu as acheté ? - 500 francs. - Je te fais à 400.
Ils sont très
beaux ses petits sacs de toute les couleurs. Mais les poupées itou.
Je lui dis quand même que « j’en ai merci et je suis fauchée ».
Elle me dit : Hé, Madame, toi et moi nous sommes des femmes, il faut
s’entraider. Touchée ! Je négocie.
Elle installe sa
calebasse sur le capot d’une voiture, à l’ombre. J’achète 4 sacs et
choisi dans le tas de poupées une très jolie qui comme ma vendeuse, porte une
calebasse sur la tête et est vêtue d’un joli Boubou rose et noir.
Mais il me manque 1 000 francs. – Tu me les donnes quand on se revoit, me
dit-elle. J’ai donc un crédit avec DIARRA. (Ce matin, AMI TOP, la
ménagère de la 428 m’a dit que j’avais payé très bon prix. Ça me
console !)
Ahhhh elle m’a
dégonflée la jolie Diarra. Je continue ma route, mais ce bout de chemin
est moins stressant que l’Avenue Georges Pompidou. Madame Dakar, elle a
marché dans bien des rues grouillantes dans sa vie. Mais à Dakar c’est
vraiment, mais vraiment différent. Différent dans le sens "cé
pas facile". Ça prend beaucoup beaucoup beaucoup de patience, de
courage, d’humour, de que vous dirais-je ? C’est vraiment pas pareil.
Je dois me conditionner mentalement chaque fois que je sors. Mais, comme
je n’ai pas l’intention de « faire banquette » (lire
rester plantée à l’hôtel) Je compte bien affronter la junte et un
jour réussir à déambuler sur les Avenues dans une sorte de tranquillité.
Je dis ça, mais je suis certaine que je vais avoir à répéter et répéter et
répéter ma formule. Bof, je me tairai bien assez quand je prendrai ma
marche de santé dans mon quartier. Je surprends les gens, quand je
dis « Bonjour » en les croisant sur la piste du boulevard Lionel
Groulx. On me regarde, et du bout des lèvres on me salue. Ça me fait
rire.
Et bien voilà, je
ne vais pas faire banquette non plus aujourd’hui. Je dois aller chercher
une bouteille d’eau minérale, j’en profiterai pour acheter mon
déjeuner : sandwich dinde et crudité à 700 francs. Au fait le
généreux chawarma et coca light me coûte 2 100 francs.
Et tant qu’à vous
parler bouffe, nos dîners au Côté Jardin sont encore et toujours un pur
plaisir. Nous avons hâte chaque soir. Hier Monsieur a pris Gigot
d’agneau et moi Piperade de calamars et c’ÉTAIT délicieux. On a aussi
mangé une Marmite de fruits de mer façon bouillabaisse avec une pince de crabe
géante dans chaque marmite. Et il était 17 h 45.
Quel bonheur que
la vie au NOVOTEL ! On se croyait bien au Méridien Libreville.
Ce n’était que de la petite bière à comparer à ici. Ahhhhh vraiment, je
le répète :
Y’en
aura pas d’facile sur la rue C.Baudelaire en mai prochain !