Contrairement à la plupart des séjours que
nous avons effectués à Libreville, (incroyable mais c’est depuis 2002 que nous
venons ici) nous n’avons pas de voiture.
C’est un choix que A. a fait pour une raison que je ne vais pas élaborer,
j’en ai même glissé un mot dans mon premier récit. Alors, le soir venu, au besoin, nous
voyageons en Taxi. Depuis une semaine,
nous sommes scotchés au Palmier Doré. On
vient qu’on en a marre de s’éparpiller partout en ville pour aller manger. Mais bon, je reviendrai à ce sujet. Aujourd’hui en est un autre.
La fin du mois à Libreville et
les « gens d’armes »
Dans mes pérégrinations antérieures, j’ai
raconté les fameuses fins de mois et le contrôle des gendarmes. (Voir
archives). Je me
rappelle que nous avions tout le temps un billet de 1000 francs dans le coffre
à gants, au cas ou l’on soit contrôlé par lesdits gendarmes. On se faisait arrêter pratiquement tous les
jours. Parfois 3 fois de suite sur le
Boul. de Mer. De retour du Baracuda (mon
restau préféré au bord de mer) je me rappelle d’une balade mémorable, digne
d’un film de James Bond, au qua’tier et à fond la caisse. Et je me rappelle aussi un gendarme qui a
dit : Hé c’est la femme qui parle !
Parce que c’était moi qui discutais avec eux.
Or, cette année, je me disais que nous serions
épargné de ces contrôles. Quand je vais
faire mes courses, je vois les malchanceux contribuer à « la
caisse », car il y a deux ou trois gendarmes, que Makaya du journal l’Union
appelle « les gens d’armes » qui sont postés au coin de la rue, pas
tellement loin du Méridien. Ils voient
un 4X4 avec un blanc au volant ?
Bel appât, Hhhhuuuuuuittttt
(bruit du sifflet) il l’arrête. Une
Prado avec un gabonais en « costume noir et cravate » ? Sifflet encore et Il le verbalise. Treize ans ont passés, rien n’a changé.
Ici on dit que les fins de mois à Libreville
sont là pour renflouer la caisse du « Présida »
(dixit Makaya); 80% pour le Présida et 20% pour le gendarme.
Toutes les manières sont bonnes pour empocher
les amendes :
Si la personne donne des papiers en règle, le
gendarme lui dit
- On ne
mange pas le papier !
Le gendarme dit à la personne : Le Chef veut te voir. Ce dernier est un peu plus loin. La personne va le voir :
-
Bonjour Chef - Ce
n’est pas moi que tu dois saluer c’est le Képi là !
Si la personne met des pièces de monnaie, un
gendarme lui dit :
- Le
Chef n’aime pas le bruit.
Pas de chance, on n’y a pas échappé. Lundi dernier, vers 18 heures, nous sommes passagers à bord d’un Taxi et quasiment
rendu au Palmier Doré. Au coin de la rue,
QUI est là ? Trois « gens d’armes » qui se
pointe devant le taxi et HHHHHHhhhhhhUuuuiiittttttt ! STOP ! Qu’il fait de la main.
Bordel de merde ! C’est ce que j’ai dit…mais tout bas.
Papiers !
Dit un gendarme au Taximan. Et il jette un regard en arrière. Deux blancs ? Miam Miam ! Je suis certaine qu’il a déjà « l’eau à
la bouche » il sait que ça va être payant.
Le Taximan sort son cartable avec tout ce qu’il faut dedans et en bonne
et due forme et il discute avec lui. Il ne « mange pas de papier » mais évidemment
il va « manger du Blanc ». Il
prend quand même son temps et il joue le jeu.
Il examine un par un les papiers du Taximan. On
attend donc bien sagement à l’arrière.
Ça y’est c’est notre tour :
- Pièces d’identification et cartes de séjour !
J’ai tout le temps
dans mon sac une photocopie de mon Passeport et aussi du Visa. N’oublions pas que je circule toute seule
dans Libreville. Si il m’arrive quelque
chose, on doit pouvoir m’identifier. Je
lui présente fièrement mes papiers. Il
les examine et me les remet. Comme A. n’a pas ses papiers avec lui, il lui
présente son Permis de conduire, n’est-ce pas une pièce d’identification ? Oui, mais ça ne fait pas l’affaire du
gendarme. En voyant ce document le
gendarme lui dit
Mais monsieur, nous sommes au Gabon là. Ce n’est pas bon ça.
A. lui explique ce qu’il fait ici, bla bla
bla, et que ses papiers sont à l’hôtel. Et
il lui dit : - Je peux aller les chercher si
vous voulez. – Mais, vous ne me trouverez plus ici !
Pris qui croyait prendre ? Il sait très bien que si l’acte ne se fait
pas à l’instant, c’est peine perdue, il sera trop tard, il rentrera bredouille. Il sait surtout que nous pouvons bel et bien retourner
au Méridien pour chercher les papiers.
Il tente un autre tour et il me
dit :
- Et
votre carte de séjour à vous ?
- Je vous l’ai donné.
– Je ne
l’ai pas vu.
Je lui redonne la photocopie du Visa et je
tente une explication plus pour m’amuser qu’autre chose:
Monsieur,
si j’ai un Passeport et un Visa évidemment mon mari il a les mêmes, puisque nous
voyageons ensemble ! Nous allons juste dîner au Palmier Doré, il
n’a pas pensé le prendre avec lui. Il
vous l’a dit, ses papiers sont dans le Porte document qu’il se sert pour aller travailler
au MINISTÈRE de……..
Qui sait, ça fait peut-être plus sérieux dire
le Miiii Niiiissss Tèèèè Reee et je pèse « dessus. On fait avec ce qu’on a quoi.
Ça a marché ? J’sais pas, mais il revient à la charge avec
le Taximan et ne s’occupe plus de nous.
On entend pas ce qu’ils se disent, mais ça discute fort, et enfin on
voit les Gens d’armes prendre place dans leur véhicule, le Taximan ouvrir sa
valise la referme, se dirige vers le véhicule et glisse un billet dans la main tendue
de celui qui nous a verbalisé. A. lui
demande : Vous lui avez donné combien ?
2000 francs.
La course était à 1000 francs. A. lui en a donné 2000 on sait bien qu’il
s’est fait contrôler parce que nous étions dans son taxi.