Dans
mon dernier carnet, j’ai mentionné une sortie au supermarché Marina avec le « Taxi-clim ».
C'est AMADOU – Il est dorénavant le « Chauffeur
Privée » de Monsieur « Le Patron ».
La
sécurité et la prudence est primordiale à Niamey et sans contredit, incontournable. Comme il n’est nullement question de se
pointer sur un coin de rue pour héler un taxi comme on le fait partout ou on a
vécu en Afrique ; Le Patron a engagé
un Taximan pour tout le séjour. Il est « à son service » toute la journée,
au prix de 30 000 francs par jour (65$), il reste là, devant le Ministère, et
ne bouge pas tant que A. et R. lui demande de sortir. À date, il va les reconduire le matin et les
ramène à l’hôtel le soir. Mais que
fait-il toute la journée ? Il lit
son Coran, sous un arbre. Il attend
« Le Patron ». Si j’ai besoin je peux l’appeler, mais comme
j’ai peur de sortir d’ici, son numéro reste dans mes contacts de mon petit
cellulaire.
Avant
Amadou, il y a eu Diallo, un des taximans du Grand Hotel. C’est avec lui que nous sommes allé au
supermarché la première journée. Avec
lui aussi que dimanche matin nous sommes allés prendre le petit déjeuner au
Gaweye. Alors, lundi matin, Diallo au « vieux
Taco» a reconduit et attendu A. et
R. toute la journée, au Ministère. Il espérant bien devenir LE chauffeur attitré de Monsieur A. mais,
oh la malchance, enfin pour Diallo ;
le vieux taco, il a rendu l’âme,
drette-là au beau milieu de la rue, lundi midi! Voilà les deux « dans’l’trafic », à
une chaleur presque insupportable, et le plus inquiétant ici, il y a un
attroupement qui commence à s’installer autour d’eux dont des gens en moto = Danger !!!! R. a peur, il panique presque. Ils sont justes en face du resto La
Cabane. Avant qu’un drame arrive, ils y
entrent et appellent Amadou
le Taxi-Clim, celui qui nous avait « promené » dimanche , de
l’Hôtel Gaweye, au Supermarché et après Chez Amandine pour manger un
sandwich. Dorénavant, au grand malheur
de Diallo mais au Bonheur du Patron et son Adjoint, c’est Amadou qui est
maintenant le « Chauffeur Privée ».
Un
Taxi climatisé est préférable à tous. C’est
pour ça aussi que je l’appelle « Taxi-Clim » parce qu’à son prix, il
met la climatisation. Et perso, je crois
que c’est plus sécuritaire, le fait d’avoir les fenêtres fermées. Ça empêchent
les mendiants de « nous toucher » et de nous donner le virus
d’Ébola ? On ne sait
jamais ! Et comme il y en a
partout, à tous les coins de rue,
bienvenue la vitre entre eux et nous. Et pi j’aime bien un Vieux parce qu’ils sont très respectés en Afrique. Chez-nous on les « parque » et on
les abandonne dans des « résidences
pour personnes âgées »? Pas ici. Les chanceux !
En plus, Amadou, il est sympa. Hier, en allant au Supermarché ré-acheter de
l’eau et des « produits de beauté » pour Madame Suzanne (Gel douche et Lotion corps à l’Eau de Rose par
exemple) il m’a dit, avant d’aller acheter mes bananes au kiosque à fruits,
qu’il a choisi pour que je puisses avoir de « belles
bananes » : - Ne
paye pas plus cher que 500 ou 600 francs le Kilo. (1,15$). Je ne connais pas du tout les prix
encore. Tellement pas, que par exemple,
samedi dans au supermarché, (tenu par des chinois) on a
acheté 2 oranges pour 6750 francs, c’est-à-dire 15,60$ Oui oui oui POUR 2 ORANGES. Putain on s’est fait avoir…pi pas à peu près ! Inutile de dire que chaque morceau était
mâché bien lentement et que chaque goute de jus était dégusté bien
lentement aussi, on en avait pour 1,50$ du morceau d’orange ! C’est du luxe quoi !
Première SORTIE de Madame au quartier Terminus
C’est fait ! Je suis sortie !
Je
ne pouvais pas rester scotcher sur ma chaise de la piscine. J’en suis incapable. Je n’aurais pas fait une bonne Nonne Cloîtrée quoi. Mais il faut dire que c’est parce que j’ai
trouvé « un ami » même si je ne suis pas chez Jean Coutu.
Depuis
lundi, chaque matin, l’Artiste Isoffou dit Alex vient jaser avec moi à la
piscine. Il voudrait bien que j’aille
voir ces « œuvres » : des
nappes en batik, des petites boîtes à bijoux en cuir, bref de l’artisanat
nigérien. Il voudrait bien que j’achète
surtout. Son
kiosque est à gauche, à la sortie de
l’hôtel. Mais je refuse à tous les
matins. Je lui raconte la peur qui
habite mon esprit, après tout ce que j’ai entendu au Canada du Niger, donc je ne sortirai pas durant tout le séjour de
peur de me faire « attaquer » par Boko Haram.
–Mais, Madame Suzanne, il n’y a pas à avoir peur. Il y a rien ici, c’est tranquille, et je
serai avec toi. La
« bougeotte » me pique de partout, j’ai bien envi de lui faire
confiance. Alors, hier matin, je lui dis : – Il y a un kiosque à
fruits pas loin ? - Si si, y’en a
un juste à côté. - Et
tu vas venir avec moi ? - Bien sûr ! Je
sais bien qu’en Afrique « juste à côté » c’est un peu plus loin, tout
comme c’est « juste à 10 minutes » c’est à 45 minutes. Mais en plus je n’ai plus de bananes. Un petit-déjeuner sans bananes n’est pas un
petit déjeuner. Je dois aller m’en
acheter. N’écoutant que mon courage, je monte me changer : je mets une chemise à manches longues et des
leggings longs aussi. C’est juste si je
ne me mets pas un foulard sur la tête.
Mais bon, à 38°, je vais crever.
Allons voir comment ça va se passer ?
Je
me rends à la sortie de l’hôtel, la où les Gendarmes et l’Armée se
trouvent. Je me dis qu’ils vont me voir
partir avec Isoffou/Alex et que si
il y a danger ils vont m’arrêter ?
Hé bien non, ils m’ont laissé sortir du Cloître sans rien dire d'autre que :
- Bonjour Madame ! Bonne journée !
Et Isouffou est sur le coin il m’attends.
1….2….3….GO ! Je fonce !
Nous
traversons le rond-point, en se faufilant au travers des motocyclistes et des
voitures. Je regarde de tout bord tout
côté. Surtout les motos, avec ce que
j’ai appris dernièrement, je ne « truste » pas les motocyclistes. Semble-t-il que ceux qui nous contournons ne
sont pas dangereux. Je me rends compte
que le piéton n’a pas priorité, ce sont les autos-motos-camions-4x4 qui l'ont et que tu
dois faire très très très attention pour ne pas te faire frapper et non seulement en traversant
mais aussi en marchant sur la rue. Tu te
tasses ou je te frappe ! C’est ça
le code de la route.
Nous prenons une rue, et nous
marchons, et nous marchons. Elle n’est
pas pavée la rue, elle est en sable. Toutefois, elle est « pavée » de mendiants qui me quêtent. Je pense que je n’ai jamais vu autant de
mendiants de ma vie. Comme je n’ai pas
de « ferailles » (cennes en africain) je fais signe des deux mains
qu’elles sont vides. Mais Isouffou m’aide
il s’en occupe aussi, il leur parle en Haoussa.
Et 10 minutes plus tard, me voilà devant le vendeur de fruits. Et il
a de très belles bananes. Et il
me choisit les plus belles. Et je n’ai
pas à marchander, il me les fait aussi à 600 francs le kilo. Même qu’il m’en met une de plus dans mon
sac. Ouuuu la laaaaaa!
C’est
tellement dommage que je ne puisse pas prendre de photos. J’aurais l’impression de photographier la
pauvreté et la misère. Parce que c’est
ce que je vois autour de moi. Mais les images que j’ai devant les yeux sont
absolument époustouflantes. Je suis en
Afrique et dans toute sa splendeur.
On
dirait que rien n’a changé depuis les années 1985, quand je vivais à Nioro du
Sahel, c’était les mêmes images. J’ai
le sentiment d’être vrrrrrraiment en Afrique comme je ne l’ai jamais
senti. Rien n’a bougé. Rien n’a évolué. Je comprends que c’est un des, sinon le pays
le plus pauvre d’Afrique. Et c’est touchant !
Voilà ! « Enwaye’à’maison » maintenant !
Ma sortie du jour est faite. Et je rentre bien vivante. Mais je suis bien contente d’avoir BOUGÉ!!!! Qui sait ? En ferais-je une autre ? J’ai une idée en tête. Je vais en parler à mon nouvel AMI
Isoffou.