« Premier
choc? La lumière. De la lumière partout!
Intense,
vive. Du soleil partout. Hier encore,
Paris dégoulinant sous une
pluie d'automne, un avion
ruisselant d'eau, un vent froid et les
ténèbres. Ici,
dès le matin, Nouakchott baigne dans le soleil,
nous
baignons tous dans le soleil. Autrefois, lorsque les
gens
traversaient le monde à pied, à cheval ou en
bateau, ils avaient le temps de s'accoutumer
aux
changements. Les images de la terre défilaient sous
leurs yeux
lentement, le film du monde tournait tout
doucement..le climat aussi changeait
par étapes.
Avant d'atteindre la fournaise équatoriale, le
voyageur venu du
froid avait déjà traversé la douceur,
la canicule et l'enfer. Que
reste-t-il aujourd'hui de
cette gradation? Rien! L'avion nous
arrache
violemment de la neige et du gel pour nous plonger le
jour même dans le
gouffre des flammes tropicales.
Nous avons à peine le temps de nous retourner
que nous
nous retrouvons au cour..du désert! Sur la
passerelle de
l'avion nous sommes accueillis par un
parfum nouveau : celui des tropiques.
»
Page 1, paragraphe 1, du livre « Ébène -
Aventures
africaines » Auteur Polonais R.Kapuscinski
LUNDI LE 10 AVRIL 2005 :
Si je n'avais pas lu, j'aurais écrit la même chose.
Après un départ de
Montréal sous la pluie et le froid
, après une journée « hivernale » grise, pluvieuse, moche et ténébreuse à Paris, ou plutôt à Roissy parce
que
justement beaucoup trop froid et trop légèrement
vêtue pour sortir, J'ai
eu la même impression, au
sortir de l'avion, sur la passerelle : La
lumière!
La chaleur! Le sable, le sable blanc, partout! Et je
me suis
dit : Ahhhhh Suzanne, ENFIN, te voilà dans
ton Afrique bien
aimé! dans ton désert bien aimé!
Ici, il fera CHÔÔÔ! Et je humais mes
premières
bouffées de chauleur tropicale! Contrairement
à
Kapuscinski le parfum des tropiques ne m'est pas
nouveau. Celui de la
Mauritanie est pareil à celui du
Mali. D'ailleurs depuis que
je suis ici, je
n'arrête pas comparer Nouakchott à Nioro du Sahel.
Ma
première impression? La vraie Afrique, celle que
nous avons « vécue » en
1982. Rien n'a changé. Pas
même les gens. Encore moins les
rues, les arbres, les
fleurs, les bâtiments, les maisons, le sable surtout,
qui
nous brûle les pieds quand nous marchons en
sandale sur la rue. Vraiment,
tout est identique.
Comme si rien n'avait bougé en 23
ans!
Mais revenons à notre arrivée. Jour 1,
Heure 1 :
après le « premier choc » et ce sentiment de bien
être, ce petit
bonheur qui s'est installé en
descendant les escaliers de l'avion.
Nous
franchissons la porte de l'aéroport, et c'est la
junte des
porteurs qui se disputent leur place. À
nous de choisir le chanceux,
qui sera retenu, avec son
chariot, pour transporter nos bagages et nous
faire
passer aux douanes sans histoires, mais bien sûr,
moyennant quelques
ouguiyas, la monnaie du pays!
Cette cérémonie terminée, typiquement africaine
et
vécue à maintes reprises nous concernant, les douanes
passées, voici une
autre java et encore ici, dans sa
plus fidèle tradition : les chauffeurs de
taxis, qui
se bousculent tous, pour nous amener à notre hotel.
Malheureusement pour eux, ici, pas de chanceux. C'est
nous qui avons de
la chance, nous n'avons pas eu à
discuter ni à négocier, nous (étant A,
E.T. et moi) sommes accueillis par
deux Mauritaniens : Un grand, un
géant, en Jellabah
bleu royal, monsieur Thierno et le chauffeur
Bâ. Direction Hotel Marhaba, de la chaîne Mercure,
chambre 204.
À
première vue, c'est bien, c'est
propre, c'est Africain. Un 3* 1/2 disons. De la petite
fenêtre, nous avons une vue sur l'avenue
Gammal Abdel
Nasser, sur la Poste et sur le ministère de ? je ne
sais pas lequel
et vue aussi sur les gens, qui marchent,
les hommes vêtus de Jellabah, bleues ou
blanches et
les femmes en Voiles de toutes les couleurs. Y
passent en
pagaille, les nombreux taxis vert et
jaune, de vieilles Mercedes,
qui circulent partout
dans la ville avec leur concert de klaxons. On dit que
ce
sont toutes des Mercedes volées en Europe et
revendues aux
Africains. "On dit" je n'affirme rien. Et si nous regardons
juste en face, de
l'autre côté de la rue de
l'Indépendance, il y a un gros arbre, est
assis en
dessous, sur une petite chaise, un homme avec une
longue branche où
pendent au bout d'un fil, des cartes
d'appels pour les mobiles (téléphone). On
dirait qu'il pêche.
Il y passe toute la journée, du matin au soir.
Une
image de la patience, du temps qui est de l'espace en
Afrique. Image
très reposante en fait, parce que
tellement calme! On ne voit pas ça, sur la
rue
TC. On ne verra jamais!!!
Premier geste en entrant dans la
chambre? Se
défaire des vêtements qui nous rappelle « les
ténèbres
» ! J'ai hésité à mettre les miens à la poubelle!
C'est le
souvenir de la facture qui me les a fait
mettre en haut de l'armoire, sur
l'étagère que je ne
peux pas atteindre. Ainsi je ne les verrai pas
du
séjour et je ferai pas de cauchemar.
Dès que nous
avons
défait nos valises, je suis allée vérifier mes
quartiers généraux
: le jardin et la piscine. Elle est bien là,
dans un beau jardin de
bougainvilliers, de jacarandas,
d'acacias et de palmiers . Et je « spotte
» tout de
suite la chaise longue que j'occuperai, pendant mon
séjour, là, au
fond, avec ma petite table pour y
déposer ma crème et mon bouquin et sans
oublier mon
parasol, juste en dessous du manguier. Reste à voir
de
quelle à quelle heure j'occuperai les lieux, je
ferai mon horaire
demain!
Il y a aussi dans mon
beau jardin (tiens tiens
déjà il m'appartient?), une
immense tente comme celle de Kadafi, avec
son
toit intérieur en courtepointe et le plancher couvert
de tapis de toutes
les couleurs. On y fait les réceptions. C'est pas mal beau!
Hé bien OUI,
Suzanne, tu seras très au Marhaba!!!
Et c'est ainsi qu'a
commencé l'aventure
mauritanienne
de monsieur C...., (mon nnnnépous) et
madame L..
On a fait
quelques petits ajustements. Par exemple nos
petits
déjeuners que nous prenons, certains matins, à la
chambre, non seulement
prenons mais faisons. Il nous
en coûte 15$ chacun pour ce repas au resto
de l'hotel.
Alors, nous avons fait l'acquisition d'une cafetière,
deux
tasses et soucoupes, deux couteaux et deux
cuillères. Le plus difficile
fut de dénicher une
cafetière. Les Mauritaniens boivent du thé,
sans
arrêt à toute occasion et
avec tout son élégant cérémonial. Trois verres sont servis :
le troisième moins fort que le
deuxième, moins fort
que le premier. On dit ici : « le premier thé
est
âcre comme la vie, le deuxième doux comme l'amour et
le dernier, suave
comme la mort ». D'ailleurs, ici,
on ne va pas au « Cybercafé » mais bel
et bien au «
Cyberthé ». Quel joli nom!
Cet arsenal nous a coûté le
prix, ou presque, d'un
seul p'tit déjeuner. Mais même si ce n'était
pas si
cher, on ferait pareil. Partout ou ça nous était
possible,
nous l'avons fait. On se crée un petit
chez-nous.
Je reste en nuisette, les
cheveux ébouriffés, pas maquillée. tiens,
comme
Charlebois le chante : .les deux yeux farmé'bin
dûûûûre..les
culottes pas zipppppéééééés.. ha ha ha
Dimanche, première sortie!
Bâ est venu nous
chercher. Nous sommes allés au Marché des Femmes,
un
genre de centre commercial, un bazar. Je me suis
acheté de jolies
sandales. Et on a fait un petit tour
au Marché Capitale, le grand
marché. Je me suis aperçue qu'il n'y avait pas beaucoup de « blanches
»
sur les lieux. J'ai aussi compris qu'il n'était pas
question que je
sorte seule. C'est un monde d'homme,
je me sentirai plus en sécurité sous
mon manguier !
Je devrai donc me trouver un guide.
Juste avant de
revenir à l'hotel, arrêt aux Galeries
TaTa, une supérette, pour l'achat de
bouteilles d'eau,
de yaourt et des grignotines pour calmer la faim, le
souper
n'étant qu'à 19 heures, et qui lui aussi nous
coûte assez cher :
*70$ pour un plat principal et
une bouteille de vin. Sans vin
: 30$ pas d'entrée,
ni dessert, ni thé (*prix pour 2) Nous
sommes mardi,
et songeons aller manger à l'extérieur demain soir.
Parce que ce
soir, c'est Sole sauce aux crevettes et
ses tagliatelles aux beurre et
échalotes. J'en ai déjà l'eau à la bouche. Au diable le pognon!
MERCREDI
LE 13 AVRIL
Un pur délice, la sole et son tralala. Cela
dit,
j'ai fait ma première sortie en solo, hier matin,
avec mon Guide, Daouda, le
Chef de la Piscine, enfin
un genre de « jack of all trade » du Marhaba,
puisqu'aujourd'hui il est peintre. Pendant une heure,
nous avons
déambulé dans ce fouillis qui me rappelle
surtout ceux de Conakry, de Bamako,
voir même de Yaoundé en
1981. Décidément, c'est vrai, rien n'a changé
! Même
odeurs, même achalandage, même « madame madame vient
voir » Au
départ, Daouada m'a dit de bien tenir mon
sac à main. Rassurant se faire
dire ça non? J'ai compris
pourquoi. En marchandant un bracelet-chapelet
que les
Maures portent, quelqu'un a tenté d'ouvrir mon sac.
C'est Daouda qui
l'a vu faire. Un attroupement
d'hommes autour de moi, et la voleuse a eu
intérêt à
disparaître.
J'ai acheté un Voile que les Mauritaniennes
portent,
de la même manière que les Indiennes. Fait main,
en
batik. Le choix est difficile, il y en a tellement,
et de toutes les
couleurs, plus éclatantes les unes
des autres. Après maintes palabres je
me suis arrêtée
sur le jaune-rose-lime, ça ira bien avec le sable... ha
ha ha
. Aussitôt acheté, aussitôt porté. Va sans
dire, ainsi vêtue, j'ai
provoqué des embouteillages !
😆
Et monsieur C.... ?
Il quitte le matin, 8 h 50,
avec « la T » et à mon avis: . Un doit
s'adapter à l'autre mais je
peux
vous dire que la vie de monsieur C.... est assez
relax. Au retour
du boulot, chaise longue et piscine,
tout en travaillant un document bien
sûr, en sirotant
une Heineken bien fraîche, (à 10$ la canette) et en
grignotant
des arachides. Entre 16 h et 18 h, l'heure
d'internet au cyberthé de
l'hotel pour son compte
rendue à G. C'est la secrétaire
très
particulière qui lui écrit les mails. Cette lourde
tâche
effectuée, petite sieste à la chambre et douche
avant d'aller dîner.
JEUDI 14
AVRIL
On arrête pas de se dire « ahhh que c'est difficile
la Mauritanie!
» ou comme nous le disait dernièrement
nos nos amis de Cannes « dire qu'on
pense qu'on se la
coule douce »! dur dur le métier de consultant et
bien
plus pour l'accompagnante.
Hier, on a fait un dîner en ville. Au K'Sar,
le seul
resto qui a du vin et de la bière. Un resto-bar quoi.
C'est
moitié moins cher qu'à l'hôtel. Une carte plus
variée aussi. Le
chauffeur nous attends, dans une
petite salle à part, on lui paye son repas,
son coca
et il regarde le foot à la télé. Pendant ce temps, «
les blancs
» mangent une délicieuse Pizza 4 saisons
et boivent du Nicolas de
Bourgueil, dans une très
jolie sale au décor typiquement africain. Va sans
dire,
dépaysement au rendez-vous. Le patron était
tellement content
d'avoir de nouveaux clients qu'il
nous a offert une glace pour le
dessert. Il m'a dit :
ici c'est chez-vous!
Et la tête
de madame a encore
« enflée » de quelques centimètres. on lui a aussi
dit
qu'elle était « très classe » Décidément, la tête de
madame Suzanne
aura beaucoup de peine à passer la
porte de l'avion avec tous les compliments qu'on lui fait!😇
Parlant de bière et de vin, impossible d'en
acheter
au super marché. C'est même défendu d'en vendre
au
Mauritanien. A. a demandé à Bâ de lui en trouver,
sans succès.
Le coût de la vie est excessivement cher
ici. Juste envoyer un fax, lui a
coûté 9$ et au
cyberthé c'est 3$ du 15 minutes. Une bouteille de vin
à
l'hotel et au K'Sar coûte 33$. On dit que ce soir
on en prendra pas
. hum hum ! On retourne au même
resto qu'hier. Les poissons et
fruit de mer sont
frais du jour. J'ai lu GAMBAS grillées.
Mmmmmmmmmmm
Hé bien, voilà un p,tit aperçu de la vie à Nouakchott.
Je
crois que nous restons ici encore deux semaines.
Il semble que du 2 au 6 mai
prochain, nous serons au
CONGO - Brazzaville. Si tout fonctionne bien
sûr :
Obtenir un VISA sera probablement toute une affaire.
Je vous en
reparle. Entre temps, moi, j'ai mon
activité Piscine à faire, je
suis en retard, il 9 h 50,
elle débutait à 9 h 30 lol!
Je vous fais donc
mes salutations, et si mon cerveau
ne fait pas aussi la chaise longue,
d'ici quelques
jours, je vous reparle de ma lointaine contrée
désertique!
Bye Bye
Écrit par suz.lem
le Samedi 16 décembre 2006