Depuis 25 ans que
nous ratissons le continent africain parfois sur des compagnies aériennes de
pacotille et jamais nous n’avons perdu un seul morceau.
Enfin ; il y a eu le tout premier voyage, la première fois que
nous y avons mis les pieds. C’était en Algérie, mai 1981. Les
nouveaux mariés que nous étions, avaient expédié par bateau une armada d’effets
personnels empilés dans un immense container. Nous ne l’avons jamais
revu. Votre virtuose correspondante y a d’ailleurs perdu son
violon. Hé oui, il fut un temps où j’étais « premier violon »
dans l’orchestre symphonique de Fleurimont plus précisément à la salle du chemin G. Pendant deux
ans, une foule sélecte mes deux chats Timothée et Toc me
« miaulissaient ». Malheureusement ma carrière fut écourtée au
courant de l'été 1981, par la perte de mon instrument au Port d’Alger la
Blanche. Dommage, je jouais « il était un petit navire »
aussi bien que mon « homonyme » Menuhin
. Or voilà
que 25 ans plus tard, dans un court trajet entre Tunis, correspondance à Casa
vers Nouakchott, une valise ne suit pas.
Une valise et des vêtements ça se remplace facilement. Mais dans la valise il y avait, vous savez, des objets qui nous tiennent à cœur et qu’on a peine à remplacer comme notre premier « bécique », notre premier char, ici c’est le premier Mac de monsieur. Il y portait un petit attachement particulier. Pi moi avec : il était devenu, au fil des voyages, mon compagnon. C’est avec le vieux Mac que j’écrivais mes carnets. Sans lui je deviens muette ! C’est la responsable du Centre d’affaires du Novotel qui m’a sortie de mon mutisme et m’a redonnée le clavier ce matin. Je lui ai donnée un sac à main lundi. Un magasine « Femme actuelle » hier. Des échantillons de parfum aussi. Et ce matin je lui ai demandé si je pouvais taper à la machine. C’est combien ? -d’habitude on charge mais toi tu peux le faire gratuitement. Comment on appelle ça ? Du trafic d’influence ? Non non de la débrouillardise en cas désespéré !
Une valise et des vêtements ça se remplace facilement. Mais dans la valise il y avait, vous savez, des objets qui nous tiennent à cœur et qu’on a peine à remplacer comme notre premier « bécique », notre premier char, ici c’est le premier Mac de monsieur. Il y portait un petit attachement particulier. Pi moi avec : il était devenu, au fil des voyages, mon compagnon. C’est avec le vieux Mac que j’écrivais mes carnets. Sans lui je deviens muette ! C’est la responsable du Centre d’affaires du Novotel qui m’a sortie de mon mutisme et m’a redonnée le clavier ce matin. Je lui ai donnée un sac à main lundi. Un magasine « Femme actuelle » hier. Des échantillons de parfum aussi. Et ce matin je lui ai demandé si je pouvais taper à la machine. C’est combien ? -d’habitude on charge mais toi tu peux le faire gratuitement. Comment on appelle ça ? Du trafic d’influence ? Non non de la débrouillardise en cas désespéré !
Parlant désespéré,
je l’étais devant la perte de mon bouquin. Comme il était très lourd
(1146 pages) mon roman « La rose pourpre et le lys » était dans la
valise. William Rackam, Sugar, Henry Rackam et Mrs Fox ne m’accompagnent
plus. Allah sait ce qu’ils font et où ils sont rendus. Je le
dégustais « à grande gorgée » ce roman. Perdre un livre dans un
pays d’abondance n’est pas un drame je le remplacerais à l’instant. Je ne
peux vivre sans un livre ! Mais dans un bled au milieu du Sahara,
perdre un morceau qui meuble agréablement ton existence est dramatique. Il n’y
a pas de librairie à Nouakchott. Sauf une qui n’offre que des
corans. Je n’avais pas le moral les premières heures de mon arrivée
disons. Heureusement que je suis brillante et que mes idées le sont
doublement (et que l’humilité ne me dépeigne pas que vous me diriez): j’avais
mis dans ma valise cabine un petit roman de poche « Tout ce que
j’aimais » (mon dieu un titre de circonstance). Il semble à première
lecture intéressant. Mais Sugar et William occupent toujours mes
pensées.
Toutefois n’allez
pas croire que ce désagrément assombri notre séjour. Pas du tout.
« On est fait fort » comme l’Expert me dit. Dès le premier
regard en ouvrant les rideaux, le 13 janvier, 9 heures, Nouakchott nous est
apparue inchangée. La personne qui vous parle en ce moment a ressenti le même
enchantement devant le très beau tableau, sur le balcon de la 406 du
Novotel. Rien n’a bougé : les villas, les arbres, les palmiers, le
soleil.
Là-bas à
l’horizon, derrière la ville, des dunes de sables! Image bien
appréciée de la personne qui vous parle. Elle a tourné la tête vers la
droite, focussé son regard vers le bas, et en l’espace de, bof disons 2 ou 3
secondes, a décidé de son emploi du temps pour les dix jours qu’elle passera à
Nouakchott : Dolce farniente au bord de piscine sur sa chaise longue en
dessous de le pergola. William et Sugar n’y seront pas mais Bill, Erica
et Léo et j’en oubli les autres lui tiendront compagnie.
Je dis que rien
n’a bougé, rien n’a changé ? Je dois vous dire qu’une chose n’est
pas pareil : la luminosité. En avril dernier c’était
éblouissant. Nous sommes dans la saison de l’harmattan la saison
des vents et ici qui dit vents dits sable dans l’air. Du sable et du
sable et encore du sable il y en a tellement qu’on en a sur les lèvres, sur la
peau. La ménagère me dit que ça donne la toux. Tiens a-t-elle
raison ? L’expert a mal à la gorge ce matin.
Je dis rien n’a
changé, mais la température si. La nuit c’est 14 degré et le jour 22 ou
autour de. Ici c’est froid, très froid 14 degré. Pour
eux je veux dire. Ils s’en plaignent comme nous à des moins 20° ils
disent qu’à 14 ils sont « à la limite ». Le
chauffeur de M. qui vient reconduire A. lui dit hier, parce que sa voiture ne
partait pas -c’est parce qu’il fait
froid. A. lui dit : mais
non c’est parce que tu l’as noyé. - Non non patron, c’est le froid
qui fait ça ! Bon ok, il a fait semblant de le croire. Le
boy piscine, nettoie tous les matins la dite piscine, le fonds est couvert de
sable. Il a une tuque, un manteau d’hiver comme s’il allait faire du ski
après. Il me voit, coquettement vêtue de mon « maillot de
barbie » rose (n’ayant d’elle que le maillot), - mais madame tu n’as
pas froid ? Il ne le sait pas mais 22 degré chez-nous c’est
chaud. Et je lui explique. A son tour de faire semblant de me
croire ?
Pendant que j’y
pense, je vous raconte un petit fait cocasse. Le premier jour,
comme A. voulait avoir des vêtements propres le dimanche, nous les donnons à la
blanchisseuse de la blanchisserie de l’hôtel. Si on donne le sac avant 9
heures on nous le remet le jour même. Les très précieux vêtements
reviennent bel et bien l’après midi mais Ohhh drame ohhh désespoir ;
avec une autre chemise dans le sac! Où est MAAAAAA chemise ?
Heureusement nous étions les premiers à recevoir le lavage. Quand
même, ils ont fouillé tous les sacs pour retrouver SA chemise ! Ah
yaille yaille !
Une autre
encore ? Comme tous les jours nous devons aller à l’aéroport au
« Litige bagages » voir si la valise est revenue, nous prenons un
taxi. Vous vous rappelez ? Les vieux taxis
Mercedes ? Hier c’était non pas un vieux mais une très vieille
baraque en décomposition qui jadis était une Renault. Des parties attachées
avec des broches, les phares avant et arrière cassés, une épave
quoi ! Le siège avant où A. est assis n’est pas attaché. Moi en
arrière j’ai le toit gondolant qui me tombe presque sur la tête. Ce que
je décris semble invraisemblable, mais c’est vraiment une épave. Mais on le prend quand
même. Ces moments nous amusent quoi.
En route le
taximan doit à maintes reprises « restarter » et on avance
clopin-clopant. Le moteur arrête une dernière fois et rends l’âme.
Il nous reste encore disons 1 km à faire. Le chauffeur débarque et nous
hèle un autre taxi. On lui dit de laisser faire nous finirons à pieds,
nous y sommes presque. A. paye quand même la course 500 ouguiyas (2$) et
nous faisons…bof…10 pas ? Voilà qu’une une belle Mercedes arrête et nous
invite à monter. On pense que c’est par courtoisie, mais non, il nous dit
avant de sortir : -tu me donnes ce que tu veux ! Et il dit qu’il
nous attend. Tiens voilà 500 ! Et la valise n’est
toujours pas arrivée ! Non seulement ça ils ne l’ont pas encore
localisée. On aura certes à en faire notre « deuil » de nos
affaires. Snif ! Snif !
Tant qu’à vous
parler de l’aéroport. Voilà un autre endroit inchangé. Les
bagagistes qui nous embêtent jusqu’à épuisement y rôdent toujours. Dès
qu’ils nous aperçoivent la junte et les chariots nous attendent de pieds
ferme pendant que nous passons les douanes. Un a réussi à nous gourer à notre
arrivée. A lui disait NON Merci ! La navette du Novotel est
là ! Il est revenu avec la pancarte de la navette en main. Je
me suis laissé prendre : j’ai dit OK. Grave erreur. Il prends
nos tickets, s’occupe de récupérer les valises. C’est lui qui nous a
annoncé que la « valise verte » n’y est pas. Lui qui est
allé eeee non lui qui a dirigé A. au kiosque « Litiges Bagages »
enfin bref, une heure plus tard, avant de prendre place dans la navette, avec
le vrai chauffeur, le bagagiste demande à A. rien de moins QUE 50
Euros ! 70$ Non mais ça ne va pas ! Je te donne
2000 c’est très bien payé ! Vous ne le croirez pas : il refuse
les 2000. On est fatigué, tanné, écoeuré, on veut aller
dormir ! On le laisse sur le pavé du stationnement ! Les
négociations y’en a marre que dit l’Expert. La dernière qu’il a subit est
à Tunis. Deux stagiaires qui non seulement voulait les 8 dinars la page,
mais demandaient le montant des frais de banque en plus. Et le
comble ? Un montant pour le taxi ! Sous prétexte que leur
salaire arrivait directement au travail ; ils devaient se déplacer
pour aller chercher leur chèque au W. Union. Ils se sont
effectivement déplacer. A. leur a dit qu’il n’y avait plus de modules
pour eux. Dégage !
Parlant de se
faire gourer : les grands bourlingueurs que nous sommes, familiers avec
les négociations internationales de tout genre, se sont fait prendre pi pas à
peu près. Je vous raconte : Nous sommes au Marché Capitale, les
souks de Nouakchott. C’est dimanche, on est à la recherche de caleçon XL
et je mime des shorts au vendeur parce qu’il nous montre des slips bleu royal
fluo sur le bord de s’appeler slip bikini. - Non non mon mêri ne porte pas ces
horreurs. Dans les Souks,
c’est comme chez Jean Coutu, on trouve tout, et même « un banquier ». C’est AZIZ. Il change les euros contre des
ouguiyas. Nous avons en poche 60$ can. Et on négocie…ah la la….encore
une fois, négociation ! Aziz nous dit que le $ américain vaut
180. Pourtant à l’hôtel on a échangé nos Euros à 305 pour 1 euro.
L’équation était très simple : nous n’avions qu’à soustraire 37% de 305 et
on aurait eu le montant exact. Sapristi, Allah sait où on avait la tête,
on s’est fait « fourrer » comme deux imbéciles et calculatrice en
main s.v.p. ! Aziz nous a donné 7000 ouguiyas pour 60$.
Je vous laisse faire le calcul, je suis trop gênée pour vous le dire. On
y comprend rien ! Pourquoi ce manque de sagacité certains jours ? Je
ne sais pas, des fois on dirait que notre cerveau est séché par le vent ?
Le soleil ? La nonchalance ? Ou comme le dit A. : trop de sable
dans l’engrenage ?
Par contre je me
suis reprise quelques pas plus loin. Un joli sac à main couleur argent
m’est sauté en pleine face. – C’est combien ? -3500 - je
te donne 1000 - donne 2700 et de négo en négo je fini par – 1500 ou
rien ! et fais mine de partir. –OK donne
« l’agent » ! Quelques pas plus loin, trois kiosques plus
loin, me saute encore en pleine face le même sac mais doré, couleur que je
préfère. Je demande : - je peux échanger ?
-donne 200. Je lui donne 100 et deux stylos C..... ! Et suis
repartie avec mon beau sac en or ! C’est ainsi que j’ai donné mon
petit sac noir à ma gentille responsable de Centre d’Affaires. Voilà, des
fois on fait de mauvaises affaires et d’autres, j’ose dire la plupart du temps,
de très bonnes…Inch’Allah ! Je suis rendue comme eux, à dire
Inch’Allah à tout propos. Et prononcé en narabe s.v.p. le HHHhhhh
bien HHHHaspiré et le RRRRAAAh bien gutural ! Je vous mentionne les
stylos C.... Je « beurre » le continent africain des stylos
C... depuis des années. « Madame Stylo » a un
compétiteur au Novotel de Nouakchott. L’autre jour, à la caisse du resto,
je donnais un stylo au caissier et je vois dans le hall d’entrée un Australien
qui donnait aussi des stylos. WOE monsieur chose ! Il m’a vu,
avec un grand sourire, je lui en ai donné un et en retour lui
aussi. Il est cheap le sien. Le caissier regardait le mien et l’a
mis dans sa poche et laissé le cheap australien au bord de sa caisse.
Je reviens aux
vêtements que nous avons achetés dès la première journée. C’est pas
facile faire « du shopping » ici. Il n’y a pas Carrefour ou
Marjane. On a donc demandé à la réception où on pouvait réhabiller
monsieur ? Il y a en face de l’hôtel une mercerie
Wrangler qui s’enrichi avec les clients du Novotel « pognés tout
nus » comme celui de la 406. C’est là que nous avons revêtu
l’Expert. Le voici donc habillé comme un sous neuf : un
pantalon gris un peu trop grand qui a plutôt l’allure d’un Saroual que d’un
jeans, une belle chemise, un t-shirt, avec ironie du sort,
inscription: « quick match » sur le devant, un caleçon à
l’élastique un peu trop serré ou est-ce le bedon qui est un peu trop
« prononcé » et des chaussettes un peu trop minces. Des bas de
nylon que dit l’ancien tout nu. Vêtu de son nouveau « costume »
l’Expert quitte vers les 8 h 45 pour le bureau. Il l’a bien jonglé cette
mission durant celle de Tunis. Un casse-tête qu’était devenue ce projet.
Surtout à cause de la GT, vous vous rappeles d'elle ? Elle
n’est plus là au grand soulagement de l’Expert. Et ça se passe à
merveille ! Depuis lundi il fait ses présentations power point
sur l’APC version l’Expert. Tous lui disent qu’ils n’ont jamais vu une
telle version. Ils en veulent tous une copie. Ce que A. refuse
toujours. Il dit : -derrière chaque diapo il y a un discours vous ne
pouvez pas avoir juste les diapos. Ce qu’il ne dit pas c’est que cette
présentation est un travail ; un labeur de nombreuses années qu’il a monté
lui-même, les soirs ; les week-ends, les congés et il ne veut pas donner
gratuitement le résultat. Il dit que - c’est comme si on demandait
à un mécanicien de donner son coffre d’outils. IMPENSABLE !
Et bien sûr, va sans dire mais je le dis : avec son « coffre
d’outils » il fait « un tabac ». Tous les
formateurs, directeurs, Nouakchott en entier réclame sa présence. Je le
gonfle et j’exagère bien sûr, mais reste qu’il est très apprécié et il en est
très content. But, il doit poursuivre sa mission. Aller semer
la « bonne parole » au Maroc. Et moi parfumer ses rues !
Nous quittons, valise arrivée ou pas, samedi à 03 :35 le matin. Nous
serons à CASABLANCA pour 5 ou 6 ou ??? semaines. Inch’Allah !
Entre temps
nous allons tous les soirs prendre quelques bouffées de sable avant de bouffer
au charmant resto de l’hôtel. Tiens, c’est bien la première fois que je
ne vous décris pas ce qui « orne » nos assiettes et réjouit nos
papilles gustatives ! Et ce n’est pas ici que je le ferai.
Nous mangeons très bien. Très très bien. On est très bien au
SOFITEL. Le personnel est sympa, super gentil. Et les jours, malgré
les petits embêtements du premier et les petits fait cocasses s’écoulent
doucement. Bon, je crois bien avoir raconté un peu de not’vécu du
moment. Je retourne à la piscine. Erica et Léo m’y attendent.
Il reste queeeee je voudrais bien savoir ce que font Henry et Sugar !
Hhhhhhhhhh (soupir un peu triste je vous dirais).
A’s’lemaaah et à
la prochaine ! Probablement de l’Hôtel Farah de l’Avenue des Forces Armées
de Casa !