MARDI 30 MARS 2010
Hier, quand je
suis rentrée de mon activité piscine, il y avait une petite carte à la porte de
la 428, nous invitant à payer la note:
Note de semaine en
votre aimable règlement
Nous vous
informons que nos factures sont payables à fin de semaine.
Les notes de
semaine sont exigibles dans les 24 heures de leur présentation.
En vous remerciant
à l’avance, nous vous prions d’agréer, Monsieur L…….,
L’assurance de nos
sentiments distingués.
La Direction
Quelle jolie
manière de quémander son dû! Je ne sais pas si c’est le fait d’avoir
débourser quelques millions, mais d’abord il y a Le Directeur qui est venu nous
serrer la main en nous demandant « si tout se passe
bien ». Et après,
à La Calebasse (c’est le vrai nom du resto du Novotel que j’appelais faussement Côté Jardin) nous avons eu droit à une assiette de délicieuse amuse gueule, en attendant le plat principal. Même que c’est thze Chef en personne (pas le Fronçais, Le Sénégalais) qui est venu les servir à la table.
à La Calebasse (c’est le vrai nom du resto du Novotel que j’appelais faussement Côté Jardin) nous avons eu droit à une assiette de délicieuse amuse gueule, en attendant le plat principal. Même que c’est thze Chef en personne (pas le Fronçais, Le Sénégalais) qui est venu les servir à la table.
Nous sommes
traités aux petits oignons et Madame Dakar n’a pas du tout l’intention de s’en
plaindre. Elle aura amplement l’occasion de soupirer et de brailler de
retour à la réalité sherbrookoise. Par exemple, quand le lundi
matin au lieu de « faire le 3 » au téléphone et de dire :
« Bonjour, ici la 428 j’aurai un sac pour la blanchisserie »;
elle aura à « ouvrir le panier à linge du 2709, mettre le linge sale
dans le panier, marcher jusqu’à la laveuse, me pencher pour déposer le linge
dedans, tourner les pitons, me repencher pour reprendre le linge un coup lavé,
le déposer dans la sécheuse, encore pitonner, plier, repasser, replacer ».
J’ai l’impression de vous décrire un film d’horreur. Changeons de sujet!
VOCABULAIRE WOLOF
suite :
Mes cours de Wolof
sont très élémentaires. Je ne demande à apprendre que l’essentiel.
C’est la ménagère de la 428, Ami Top qui est mon professeur. Voici les
nouveaux :
Maaaaaggggggnifireq! (ça va bien)
Waxalé :
le marchandage (mon sport favori)
Combien? :
Niata?
C’est cher, baisse
le prix: Defa cher! Wagni’co
Laisse-moi :
Baymé!
Je n’achète
pas : Diè Nouma!
Quoi de neuf?
J’ai un autre
surnom à ajouter aux autres : Madame gentille! Parfois
c’est Madame Jolie Gentille. Mieux encore, en marchant sur la
Parchappe un m’a dit : Bonjour la plus belle! Décidément,
mes marches sur le boulevard Lionel Groulx seront d’une tristessssssssse!
PERDRE LE NORD À
DAKAR
J’ai élargi mon
quadrilatère de quelques kilomètres par conséquent de quelques heures. Je
déambule dans le centre ville, plus de deux heures, et à mon très grand
bonheur : aisément. Enfin, le harcèlement est moins
« lourd ».
Lundi matan,
il est 9 h 45, la vie est belle, je vais simplement prendre ma marche sur
la « route de la petite corniche ». Rendu au grand escalier,
celui qui mène à l’avenue Léopold Sédar Senghor l’idée m’est venu de les monter
et d’aller explorer un autre coin que le mien. Essoufflée, j’arrive juste
à côté de La Présidence, un gendarme au kalachnikov s’y trouve. Je
lui demande par où je vais pour me rendre sur la rue Mohamed V.
Je connais cette
rue, La Galette est au coin de M. V et Georges Pompidou. Je me dis que si
je la prends, je vais arriver à La Galette et retourner au Novotel
facilement. Il m’indique du doigt et non du kalachnikov, que je
dois tourner à gauche et de prendre le boulevard de la République.
– Djeuredjeuf monsieur le gendarme! Il affiche un grand sourire!
Je marche donc sur
ses indications, et je me suis rendu compte que j’ai déjà marché ici, en 2006,
alors que nous étions en transit. Nous allions à un resto sur une rue pas
loin. Je devrais dire « nous courrions » parce qu’on se faisait
harceler « pi pas à peu près ». Malgré ça je m’égare et
j’arrive là où se trouve La Cathédrale. Je ne vois aucun nom de rue, mais
je m’aperçois que je suis sur une grande avenue commerciale. Et sur le
coin que vois-je? « Mon Ami » une Librairie-Papeterie.
Qu’est-ce que je fais? Tant qu’à être perdu, perdons un peu de
temps; j’entre! Et quoi encore? J’achète un roman d’une
auteurE que j’aime bien; Anita Shreve. Jaime son style, je croyais
avoir tout lu son œuvre, « Un amour volé » m’avait échappé. Et
pi des crayons mines 9mm pour Monsieur et pi un petit pad mémo.
Il est 10 h 30 et
« perdu le nord »; je ne sais toujours pas où je me trouve, ni
par où je dois m’en aller. Au stand de cartes postales, j’en vois une
avec les rues du « Plateau » qui est mon quartier. Je l’ajoute donc
dans mon panier. À la caisse, je demande au Coréen et à la Coréenne
derrière le comptoir de m’indiquer sur la carte où je suis. Ils ne
comprennent pas, ni ne parlent un mot de ma langue. Il fait venir un
commis qui me pointe « vous êtes ici ». Je suis au coin du
Boulevard de la République et de l’Avenue du Président Lamine Guèye. LA
rue des magasins; des maaaagaaaaaasins? Ça m’intéresse! Je
continue mon aventure, par la droite, sur L’Avenue du Président Chose.
Je me dis qu’à la minute où je vois la rue Assane Ndoye, je sais que si je la
descends j’arrive au Novotel. La carte postale me l’indique bien.
Marchons!
Je regarde les
vitrines des Bijouteries « en Or », des bitiks de Boubous,
etc. Que vois-je de l’autre côté de la rue? Une annonce
KADEL et dedans la bitik des milliers de sandales toutes, plus belles
les unes des autres. Tsé? Des sandales qui
« flash »? Avec des pierres, des brillants, dorés, enfin en
plein ce que j’aime quoi. Et ce n’est pas « made in
china ». KADEL est une marque de chaussure italienne que me
dit la Libanaise qui est à la caisse. Les chaussures italiennes et la
flashante Madame Dakar font la paire. Et des paires il y en a « en
pagaille ». Madame Dakar « capote »! Comme je
n’ai que 20 000 francs dans mon petit sac, je me contente d’une paire à 15 000.
On reviendra capoter les poches pleines un autre jour.
Et je continue mon
magasinage. Tiens! Un vendeur de « ticheurte » et de
vêtements en batik très colorés. Un ticheurte me plaît : un
Sénégalais joue du tam-tam et sa dame danse le Niébé (enfin c’est le mot que
j’ai compris). Et voilà que le jeu du « waxalé »
commence. Niata?
Vingt minutes plus
tard, de 10 000 j’ai payé 2 000 pour le ticheurte; et de 12 000 j’ai payé
2 000 pour un paréo et 800 de plus pour 2 petits sacs à bandoulières en tissus
aux dessins africains. J’en ai de toutes les couleurs. Ceux-ci je
ne les avais pas : rose et turquoise mais toujours avec des motifs
africains. Le Sénégalais s’aperçoit que le waxalé ne défrise pas
Madame Dakar. Et il lui dit « Toi tu es trop malin! Tu as tout
d’une Sénégalaise!». - Djeuredeuf!
Et c’est ainsi que
je rebrousse chemin, de préférence sur des rues « animées » (ça
me sécurise) et ce jusqu’au Novotel. Je suis fauchée. Il me reste
quelques ferrailles, juste assez pour m’acheter une petite bouteille de
« African fun ananas » parce qu’il n’y a pas de « Gazelle
Ananas », une liqueur et non une bière. Hé oui, chacun sa
Gazelle!
De retour à la
428, je m’empresse de mettre mes nouvelles sandales. Ah bin
sapristi! J’avais mis que le pied droit à la bitik pour voir si c’était
ok. Les brides du pied gauche sont trop lâches, pas assez serré. Je
flotte dedans. J’ai chaud, j’ai faim, je suis épuisée. Je
retournerai demain. Le temps est venu d’aller prendre mon déjeuner à la
piscine : Club sandwich et coca zero!
LES SANDALES DE
MADAME DAKAR PART TWO :
Mardi matan,
retour à la bitik KADEL. J’explique à la Libanaise mon
trouble : - Pas de problème madame, faites votre choix.
Je change mes sandales, pour des plus belles encore. Et je capote
sur une autre paire. Rose fushia. Mais elles sont à 18 000 et je
n’ai que 17 000 dans mon sac rose. – Allez, donne
l’argent! Et en plus elle me donne deux jolis porte-clé qui sont des babouches.
Et deux sacs écologiques avec des « I Love Kadel »
dessus. Un proverbe Touareg dit : Au premier voyage,
on découvre, au second, on s’enrichit »
Je suis certes
enrichi d’une deuxième paire de jolie sandale, par contre me voilà appauvri,
« pauvre comme Job » je n’ai plus que 350 francs en poche. Job
est même pas capable de s’acheter une pointe de pissaladière à 500 francs,
devant laquelle elle salive à la pâtisserie du coin. Direction Novotel –
Piscine – Un croque Madame s’il vous plaît!
MAYE’MA’DIAM!
Est-ce que je me
fais achaler en déambulant dans les rues du Plateau? Est-ce que je dois
dire « maye’ma’diam » qui veut « fous-moi la
paix »?
À ma grande
surprise et surtout à mon grand plaisir : Non, ou si
peu. Ça dépend jusqu’où je m’aventure. Il y a toujours des
vendeurs de « toutes les couleurs », est-ce l’habitude qui me
gagne, mais ils ne sont pas aussi insistants comme à la Place de l’Indépendance
et sur l’Avenue George Pompidou, qui est à mon avis la pire place à circuler.
S’il y a un enfer, le tintamarre doit être comparable à celui de ce coin de
Dakar. J’ai beau répéter et répéter encore « NON Merci »,
certains ne me lâchent pas.
Toutefois je ne
marche pas tranquille. Les, comment les nommer, les
« quêteux », les plus pauvres de la société, les handicapées, les
plus démunis de la terre, et qui sont tous assis par terre sur un morceau
de carton, parce qu’il leur manque un bout de jambe ou je ne sais quoi, ou dans
leur chaise roulante, ou les femmes avec de petits-enfants assis sur le
trottoir et qui me quémandent tous « Maaaaadaaaaame! J’ai
faim! » ou « Maaaadaaaame, donne-moi! ». Ça, je vous
jure, ça prend beaucoup de sang froid pour le « traverser ». Je
continue mon chemin, je ne dis pas « maye’ma’diam » un nouveau mot
qu’Ami m’a montré. Certains me suivent et continuent à crier
« famine ». Ah la la! Va falloir que je me laisse de la
« ferraille » (terme utilisé ici pour la monnaie) pour remplir
quelques plats en plastiques qu’ils me présentent. Je pense que c’est ce
qui me dérange le plus. Me dérange non pas dans le sens dont ça
m’importune, mais dans le sens dont cette injustice, elle m’afflige. Ça
m’attriste quoi!
Hier, le pire que
j’ai vu, c’est une jeune femme, quasiment défigurée. Les lèvres lui
manque. Le nez presque. Pas de sourcil, le regard effaré. On voit
par la peau du visage qu’elle a été brûlée. Et elle me rââââââle sa
quête. Je n’ai aucune ferraille. Que des grosses coupures, deux 10
000. Je ne la regarde pas, je marche comme si elle n’était pas là.
Elle me suit, en râââââlant. Je suis teeeeeeeeellement mal! Et dire
que les premiers jours je chialais parce qu’on me harcelait avec des
marchandises. Ce que je viens de voir est l’horreur. Mais
impossible d’y échapper, il y en a partout.
TON FRÈRE
Saviez-vous que
Monsieur voyage avec son frère? Lui ne le savait pas et moi non
plus. Les Sénégalais si! En fait ça fait un bout de temps que
le frère en question est avec Monsieur. Et celui qui connaît bien
Monsieur connaît aussi « ton frère ». Je vous le
présente :
Tous les jours,
après la formation, vers 15 heures, il y a un repas de servi. Il
faut dire qu’elle se donne dans un Centre de Formation en Économie Familiale,
donc il y a cours de cuisine. S’il n’était que de Monsieur, il rentrerait
de suite à l’hôtel. Mais c’est impossible, car après le repas, c’est la Réunion
de Régulation avec Le Comité Technique qui
lui aussi suit la formation de Monsieur pour bien vérifier si Monsieur connaît
son affaire. C’est « très serré » que ce contrat. Il
demande beaucoup de temps à Monsieur. Il bosse du matin au soir.
Khadime de la piscine dit qu’il est « une machine à
travail ». Chaque soir, et les weekends, il fait son rapport
du jour et aussi des Fiches pour chaque participant. Il paraît que les
deux dernières entreprises engagées ont été congédiées après deux jours.
Un autre s’est congédié lui-même, il a foutu’l’camp après une
journée. Donc, Monsieur et R. ont intérêt à ne pas dire et faire
n’importe quoi.
Mais revenons à
« ton frère »?
Monsieur ne mange
que l’entrée, parce qu’il est 15 heures, et s’il mange à cette heure, je
dînerai toute seule à 18 heures. Passer la journée toute seule ne me
dérange guère, mais dîner toute seule? NON! J’ai mes
limites. Je tiens à dîner avec Monsieur et son frère!
Un jour, Monsieur
Fall, un des Formateurs demande : - Mais pourquoi tu ne manges
pas? Pourtant tu es avec ton frère! - ????? (Monsieur ne
comprend pas). – Mais oui, la première fois qu’on t’a vu, on a bien
vu que tu voyageais avec « ton frère ». - ?????
Voyant que Monsieur n’a pas idée qui est le frère en question. Fall fait
donc ce geste : il pose ses deux mains sur sa bedaine
et dit : Mais oui « ton frère ».
Et c’est ainsi que
nous apprenons que Monsieur a un frère et qu’il en prend bien soin; à
tous les jours, avec La Gazelle et La Pression!
Voyager ajoute à
sa vie! (Proverbe berbère)
….et à sa valise! Quelques foulards par ci, quelques
sandales par là, beaucoup de « bricoles » d’artisans.
Mais attention, je n’achète pas par besoin mais par charité. Tous mes
achats sont en fait une œuvre charitable. Et je serai
récompensé au centuple!
J’ai aussi ajouté
quelques petits trucs du Chef Sénégalais du Novotel. Il a une façon de
servir les accompagnements du repas et les desserts qui m’a séduit dès le
premier repas. Un plaisir pour les yeux que je compte imiter de retour au
2709. Quant au plaisir pour nos papilles gustatives, je ne sais pas si
j’arriverai à imiter Thze Chef. J’en doute!
MADAME FOULARD!
Vraisemblablement,
je suis à faire une razzia de foulards. Je pille mon jeune marchand à
chaque fois que je le rencontre. J’en ai de toutes les couleurs : vert,
rouge, jaune, orange, marron, turquoise, noir et blanc, blanc et noir et tous
avec « du brillant » dedans. Imelda Marcos et
Céline Dion ajoutent des souliers à leur vie? (selon les rumeurs 3 000 paires
pour Céline). Madame Dakar a ajouté des foulards. Je ne vous dirai
pas combien j’en ai acheté, mais Monsieur m’a demandé si je ma « partais
une business de foulard au Canada ». Ha Ha! té bin drôle!!!!
Selon Freud, les
chaussures c’est un « substitut du phallus féminin ».
Autrement dit, le pied symbolise la puissance de la femme qui ne possède pas de
pénis et en le couvrant nous le sortons définitivement de sa fonction organique
pour en faire un objet de désir. Ah bon? J’aimerais bien savoir
quel substitut je comble avec mes foulards. Ce que je sais, c’est
que les foulards en question, ils sont très beaux et pas chers. Le
plus intéressant, c’est qu’ils sont en « pashmina ». Vous
connaissez? Moi non plus. Mon vendeur me dit que c’est une laine de
chèvre,
Et parlant
d’ajouter à sa vie, je devrai ajouter la recette de « crème caramel »
dans mon livre de recette. Monsieur en mange quasiment tous les
soirs. Et je lui vole quelques bouchées. Il dit à
Djibril : « apporte une toute, toute petite cuillère pour
Madame ». Mais Le Chef, il dépose une grande portion de crème
caramel et aussi de crème fouettée, ce qui permet à Madame Jolie Gentille
d’en manger, elle aussi. Le Chef, cé mon ami!
Maintenant
que nous faisons « partie de la famille Novotel » nous avons beaucoup
de plaisir à l’heure des repas. Tiens, hier, le serveur numéro 7, m’a
offert « l’infusion ». J’ai pris « Après-Repas » et
l’autre soir, j’ai pris « Ligne Svelte ». Ah la la! Les
Serveurs, ils vont me MANQUER… j’vous dis pas! Heureusement que
nous revenons en mai, le temps du BBQ sera arrivé. Ça, le BBQ, ça épargne
bien des labeurs à Madame CHOSE.
Et c’est sur cette
note nostalgique que je vous dis à la prochaine!
JOYEUSES PÂQUES!