Sortie
1 : Super Marché Sen
Maintenant que je
me suis remise de mes émotions, je suis capable de sortir. Or, ce
mercredi matin 15 septembre, mes babouches Sketchers aux pieds, une robe à
manches courtes, au cas où le sans manche n’est pas de mise, j’ai
pris le large. Dans la salle de bain d’une Auberge en brousse, on ne
retrouve pas les produits de soins comme le gel douche, le shampoing, la
lotion, des papiers mouchoirs, etc. On retrouve uniquement un petit
savon, pas plus gros qu’un bouton. Je dois donc m’en procurer. J’ai
demandé à Madame Claire s’il y avait une Superette pas loin. = Vous
prenez la grande route au bout de celle-ci, vous tournez à gauche, et vous
marchez tout droit jusqu’à la poste. Le Super Marché Sen est de l’autre
côté de la rue. C’est loin me dit-elle, mais si vous aimez marcher, c’est
faisable. La grande route en question, c’est « la
nationale » c’est LA seule rue goudronnée. Le reste, c’est de la
terre battue.
J’ai quitté à 10 h
pour revenir à 11 h 40. Il était temps. Plus l’heure avance,
plus il fait chaud, très très chaud. Je suis revenue la face rouge comme
une tomate, et mouillée en lavette. Et mes maudites babouches
Sketchers mis dans ma valise spécialement pour marcher, ce n’était
manifestement pas une bonne idée. Mes « compensées Kadel de
Dakar » m’auraient moins blessée. La courroie de la babouche gauche
a frotté jusqu’à me faire « un bobo » et plus j’avance plus ça me
blesse. Qu’est-ce que j’ai fait? Ou je vais nu pied ou je trouve
une pharmacie. Étonnamment j’en ai aperçu une sur un coin de rue.
Je suis allée m’acheter quoi? Hé oui, des « plasters » bordel
de merde. Comme si j’en avais besoin. Mais le problème c’est
comment demander des « plasters » dans une pharmacie africaine.
Le mot ne me venait pas. Alors j’ai montré mon « bobo » au pharmacien
et fait des signes pour qu’il comprenne que je veux recouvrir le bobo et il
dit : Ahhhh des pansements adhésifs! Me
voilà donc avec une boîte de 24 pansements adhésifs à ajouter aux autres 72 de
ma « trousse médicale ». De retour à la maison,
j’ai donné les 23 autres à la femme de chambre. On ne va pas en
rajouter dans la trousse quand même!
C’est bien
difficile raconter une marche. Plus facile vous l’imager avec les photos
que j’ai prises avec ma nouvelle Canon Power Shot SD1300 IS DIGITAL
ELPH. Elle est toute petite, fort pratique en voyage, parce que je la
sors vite vite et clic clic sans problème. Voici donc les images de la
« Route vers le Super Marché Sen ». Et j’ai tout trouvé ce
qu’il me fallait.
Je sors donc de ma
cage:
Vous voyez le banc en fer? C'est dessus que j'ai déposé le pied et que j'ai scotché mon pansement adhésif...
Et sur le trottoir
de Thiès je me suis fait une amie, dans ses plus beaux atouts. Inutile de
vous dire qu'après je marchais en RADAR...regarde en avant, à gauche, à droite,
et ainsi de suite jusqu'au SEN où je suis rendue:
Et au retour je
n'ai pu résisté à sortir ma caméra pour capter cette scène, ils étaient trop mignons:
Et voilà que la marche est terminée. Je rentre au Massa par la
Salle à manger, ou Mme Claire compte ses francs CFA, je prends la porte qui
mène aux chambres, et ensuite l'autre porte qui mène à "mon" toit
terrasse.
Et Monsieur?
= Et
Monsieur il est au travail? que le personnel me demande.
= Oui, il travaille tout le temps. Les
premiers matins, il se levait tôt et partait tôt. Le rythme a
changé après deux matins. Dorénavant il se lève quand ça lui tente et
part après avoir pris le café en ma très agréable compagnie sur le non moins
agréable toit terrasse. Mardi dernier, il « a
voyagé » comme y’disent. Il avait une mission à LOUGA, village
supposément à 70 Km de Thiès. On voulait qu’il dorme là-bas.
Monsieur a décliné l’offre : 70 Km, à peine 30 minutes d’ici, ça se
fait aller-retour? Je dors au Massa Massa dit-il.
Les kilomètres
sont comme l’heure au Sénégal; plus longs que ce qu’on te dit. LOUGA
est à plus de130 Km de Thiès et c’est plus d'1 h 45 de route.
Ajoute à ça les nombreux arrêts de un et de l’autre, (un étant M. et l’autre le
chauffeur) Monsieur est rentré à 20 h 30, fatigué de sa longue
journée qui s’est déroulée en WOLOF du début à la fin. Le reste de
la mission se passe assez bien. Il dit qu’il attend plus qu’il
ne travaille. Comme toujours, je lui laisse la parole
pour vous raconter ses exploits.
L’heure
En Afrique,
l’heure est différente de chez-nous. Par exemple, si quelqu’un te dit, je
vais te chercher à 10 heures et qu’il arrive à 10 h 45, c’est ok, il n’est pas
en retard, il est toujours 10 heures. Il sera en retard s’il arrive à 11
heures +, puisqu’il ne sera plus 10 heures. Vous pigez? 10
heures c’est jusqu’à 10 h 59. À l’avenir, quand vous nous inviterez,
précisez bien l’heure ha ha! Et A. arrive au boulot à 8 heures – 8
heures 50. Et il est le premier sur place.
News de la
Résidence Lat Dior
Juste devant
l’Auberge il y a un kiosque où un Artiste vend ses œuvres.
Il croit que
je parle Wolof, à cause de mon « djeredjeuf n’djénouma » il ne le
sait pas mais je ne sais que ces mots. Mais avec ces mots il ne m’embête
pas. Sauf le jour où il m’a demandé de le prendre en photo, ce que j’ai
fait, bien innocemment. J’aurais du savoir que ça avait un
prix : « c’est dur ici, nous les artistes on ne gagne
pas beaucoup, bla bla bla, je dois boire le café »
, j’avais un peu de « ferraille » dans mon petit
sac et je lui ai donné. 150 francs je crois bien. Or, hier
matin, en revenant de ma sortie numéro 2 et toujours au marché Sen,
j’entends : Bonjour, tu ne me reconnais pas? – Non – C’est moi
l’artiste! - Je ne le reconnais pas par contre je sais
qui il est. Il me montre une pièce de monnaie que
je lui ai donnée hier (20 centimes d’euro) et il me dit qu’il a marché 5 Km
pour l’échanger à la banque, et qu’on lui a refusé l’échange. Et les
litanies de misère commencent : il n’a pas déjeuné, il est
fatigué, pour lui c’est encore le ramadan, il doit gagner de
« l’agent » parce que la famille est grande, sa mère, elle
s’occupe des handicapées, bref c’est la misère noêre dans sa vie d’artiste et
il n’en finit pas de me la raconter. Je lui remet le change et il est content.
Comme la route de
retour est longue, nous causons, enfin il me cause et vient le sujet des hôtels
de Thiès. Il me dit que le MEILLEUR hôtel de Thiès c’est lequel vous
croyez? J’en ne crois pas mes oreilles, il prononce LE LAT
DIOR et il ajoute fièrement « qu’il n’y a pas alcool là-bas».
Un artiste ne voit pas le monde avec les mêmes yeux que la
« réaliste » qui marche à côté de lui. Je n'ai pas fait de
commentaire, juste un dans ma tête : CCCCrisssssssse et en plus
qu’il n’y avait pas de vin?
LA BROUSSE DE
MADAME PRIORITY
Hier, en mangeant
notre *Assiette Parthénon partagé à deux, dans notre romantique salle à manger....je racontais, au convive assis
devant moi l’essence de mes « récits de brousse ». Le convive
s’est moqué de moi au mot « brousse ». Il dit que je suis
« en ville ». À Thiès, il y a une Université, une École
Polytechnique, (où il bosse tous les jours), des Lycées de tout genre
voire même, que dans la « ville » il y a DEUX Usines de montage
de voiture : une Chinoise et une Indienne. Les voitures TATA
sont montées à Thiès? Oui! Et il y a aussi une Mine de Phosphate
pas loin. Ah bon? Et moi qui me croyais en brousse?
Mon savoir sur
« la ville » était différent : faut dire que je n'en
ai pas vu grand chose. Je tourne autour du Massa Massa et de mon toit je
ne vois que le quartier. Je n'ai rien vue de la ville où j'habite. Je visiterai à mon prochain séjour. En rentrant à Thiès dimanche, au cours de
mes marches j’ai vu circuler des charrettes tirées par un âne, et des moutons,
et j'ai aussi vue que toutes les rues perpendiculaires à la route nationale
sont en terre rouge, je me suis cru nulle part ailleurs qu’en brousse.
C’est vrai que j’ai vu des Ministères de ci et de ça un peu partout. La Gendarmerie
Nationale. Un gigantesque Bureau de Poste. J’ai même passé
devant une ÉGLISE CATHOLIQUE : Marie Reine quelque chose. Mais
à quelques pas de là j’ai vu un « cochon errant », un vrai, un PORC
qui s’alimentait des cochonneries dans un des parcs qui longent mon
chemin. Et une montagne de melons d’eau, sous un fromager. Je ne le
savais pas, mais j’ai le bonheur de vous dire que jai habité une VILLE toute la
semaine.
Demain c’est notre
dernier jour « en ville ». À moins d’événements majeurs dignes
de récit, je vous reparle de ma nouvelle destination. SAINT LOUIS DU
SÉNÉGAL. J’aimerais bien avoir une Michelle comme j’ai ici.
Michelle? C'est ma très charmante femme
de chambre, et elle est exactement le genre de personne que ça me prendrait
chez-moi. Pourtant, c’est exactement le genre de personne que je n’aurai
jamais chez-moi; à moins de déménager à Thiès. Je vous jure, je vis comme
si on me l’avait assignée pour moi toute seule. On dirait que c’est ma
« dame de compagnie ». Vraiment, elle est toujours au-devant de
moi, à tout faire pour me rendre service, jusqu’à prendre ma clé quand je
reviens de « mon » toit terrasse et à débarrer la porte de la
chambre. Dès que je monte au toit terrasse, voilà que Michelle apparaît
pour vérifier si tout est ok pour moi. Dépoussière mon fauteuil, nettoie
la table, enfin, je ne vais pas tout énumérer, mais je suis vraiment
bien.
*Assiette parthénon : Brochette de
bœuf, côtelettes d’agneau, merguez, riz rouge, frites, salade grecque avec
fromage feta de chèvre. (Pour 2)