Mission numéro
2 : Saint-Louis du Sénégal
Décidément, ce
séjour en est un de toutes les couleurs. Les jours se suivent et ne se
ressemblent mais vraiment pas. Ce sont surtout les « décors »
qui changent la couleur de mes jours. Absolument rien de ce que j’avais
imaginé avant de partir ne se concrétise. « Je vous ferai faire de beaux
voyages » que me dit souvent l’homme de ma vie. Allons voir s’il a
toujours raison.
Après une semaine
tout en douceur et en saveur dans la charmante Auberge de Madame Claire, celle
qui nous a gentiment servi le digestif hier au soir; c’est à 10 h
30, dimanche matin, qu’est le départ de Thiès pour la mission numéro
2 :
SAINT LOUIS du Sénégal. Avant de partir, « ma dame de compagnie » m’a donné un très joli cadeau. Deux petites calebasses décorées avec du sable représentant une scène de la vie africaine. Mais je ne dois pas le dire à personne!
SAINT LOUIS du Sénégal. Avant de partir, « ma dame de compagnie » m’a donné un très joli cadeau. Deux petites calebasses décorées avec du sable représentant une scène de la vie africaine. Mais je ne dois pas le dire à personne!
C’est un Directeur
Sénégalais et son Chauffeur qui nous y conduisent. J’avoue que c’est le
côté qui nous embête, c’est ce qui nous emmerde le plus, être à la merci d’un
« chauffeur de quelqu’un d’autre », pour se déplacer. Incapable
d’aller où l’on veut, quand on veut, de partir à l’heure qu’on veut. Ahhhhh l’heure sénégalaise! Mais bon, nous n’avons pas le choix. Le
contrat est ainsi fait, et c'est très bien.
C’est l’hôtel que
nous avons choisi, Le MERMOZ. Et cet hôtel se trouve sur la LANGUE DE
BARBARIE. Il y a 3 parties ici disons. La Terre (le
Sénégal); l’Île (entre la Terre et le Fleuve Sénégal) et la Langue
de Barbarie (entre le Fleuve et l’Océan). Pour aller à l’Île
Saint-Louis, tu empruntes le Pont Faidherbe. Ensuite pour te rendre sur
la Langue de Barbarie, tu empruntes un autre Pont. C’est sur la Langue de
Barbarie, une longue pointe de sable, que nous retrouvons les plus beaux
hôtels. À notre arrivée au Pont 1; un Gendarme nous
dit : Il est FERMÉ. = Il ouvre à quelle heure? = À 15
heures. Connaissant l’heure sénégalaise, nous sommes conscients que c’est
beaucoup plus tard et qu’il vaut mieux se débrouiller autrement.
On nous avait
mentionné, dans le choix d’endroit où dormir : le Ranch de Bango.
Comme il est tard, que c’est LE jour de congé de Monsieur, que nous avons hâte
de nous reposer et de manger, nous optons pour le Ranch en question. Au
mot Ranch, je suis sceptique. Encore plus quand nous roulons sur la route qui
ne fini plus.
Encore plus convaincue quand je vois cette végétation
luxuriante qui défile par la fenêtre du 4X4. La totale quand j’aperçois
l’immense marécage (bordant le fleuve Sénégal j’imagine) et qu’il n’y a plus de
route. Ici, il n’y a pas d’erreur, manifestement, je suis convaincue que c’est LA BROUSSE, la
VRAIE brousse. Pas comme celle que j'ai quitté ce matin, et qui a une Université et des usines de chaaaars,
mais celle qui n’a que de la végétation, un chemin de terre avec des trous et
comme c’est la saison des pluies, des trous d’eau, je dirais même plus des
« lacs » d’eau.
Je vous copie colle ce que dit le site du Ranch
de Bango, il le décrit mieux que je pourrais le faire :
Les zones de
chasse, qui couvrent une superficie de 85 000 hectares en association avec
d’autres partenaires, sont le lieu de prédilection en période d’hiver d’un
grand nombre d’anatidés.
Le Ranch de Bango où vous séjournerez, sont
construits dans une oasis de verdure. Vous aurez plaisir dans ce véritable
havre de paix à vous reposer au bord de la piscine, ou discuter autour d’un
verre dans la case-bar, après une journée de chasse bien remplie..
GIBIER ET SAISON
À quelques kilomètres de la ville de
Saint-Louis, à l’extrême nord du pays, s’étend une vaste zone humide, lieu de
prédilection en période d’hivernage d’un grand nombre d’anatidés et de
limicoles (chevaliers, bécassines des marais, bécassines rinchée, barges…).
On
y trouve des variétés sédentaires : dendrocygnes fauves et veufs, oies de
Gambie (canard armé), oies d’Egypte, et canards casqués mais aussi des espèces
migratrices essentiellement représentées par les sarcelles d’été, les pilets et
les souchets.
Le phacochère, seul « moyen gibier » est représenté en excellente
densité sur les zones. Il se chasse à l’affût, à l’approche ou en coupure. La
saison de chasse du gibier d’eau et des limicoles s’étend du 5 décembre au 20
mars, et celle des tourterelles, gangas, lièvres, pigeons de guinée, cailles et
phacochères de début décembre à fin avril (sous réserve de modification par les
autorités sénégalaises).
TERRITOIRES DE
CHASSE
Nous vous
proposons de chasser sur quatre zones : celles des « trois marigots », de Rosso
sud, de Pont Gendarme et de Crocodile (zone du Lodge Taweh) limitrophe du parc
du Djoudj.
Du fait de leur situation relativement rapprochée (1H30 de transfert
par la route entre les zones les plus éloignées), il est possible d’effectuer
un séjour mixte.
HEBERGEMENT
vous serez logés au lodge du ranch de Bango qui
est implanté au milieu d’une oasis de verdure. Le lodge est doté de 12 chambres
(chacune d’une superficie de 45 m²), toutes équipées de douche, WC, télévision
et de climatisation.
Dans ce havre de tranquillité, il vous sera servi une
cuisine traditionnelle et française au restaurant panoramique « Le Thioubalo ».
Et vous aurez certainement plaisir à prendre un verre au bar du lodge en vous
remémorant votre journée de chasse..
De toute évidence,
la Chasse et la Pêche, c’est en plein mon genre! N’est-ce pas mon loisir favori
chasser le phacochère vêtue de ma p’tite robe noire et mes compensées Cadel aux
pieds? Prix de consolation : c’est un Ranch de prestige.
Très classe et très luxe. La chambre « Gaïnée » que nous
occupons est spacieuse et décorée avec beaucoup de goût. La Paillote où nous
lunchons est fabuleuse et nous avons vue sur un immense marécage. Le soir venu,
le concert que nous avons est stupéfiant. Aucun bruit « de
ville » mais beaucoup de bruits de brousse :
le concert de criquets, de wawarons et d’autres sons d’animaux étranges dont je
ne saurais vous dire lesquels. Ledit concert est presque assourdissant.
Inutile de vous dire que je regarde où je marche, de retour de la Paillote, le
soir après avoir mangé une « Darne de Coryphène sauce aux herbes »
certainement pêché dans le marécage devant le resto.
Le jardin devant notre chambre
Madame DAKAR perdu sous un sisal géantLa porte de notre chambre...et couloir qui nous amène au Bar
Étant donné que le thème de cette mission est «transfert», nous nous collons à ce thème. Lundi matin, 11 heures, le Sénégalais et son chauffeur sont venus nous chercher pour nous transférer au Mermoz. Mais nous n’y allons pas directement. J’avoue bien franchement que depuis le premier jour, notre patience est mise à l’épreuve. On ne nous « déplace » pas direction Hôtel, mais à Saint-Louis pour visiter les bureaux de la Société qui a engagé L’Expert. Nous serrons la main à tout le personnel qui se trouve dans l’immeuble, et l'un après l’autre et chacun des Directeurs « Blancs » nous fait sa suggestion d’hôtel. Un dit à La Résidence, l’autre dit non c’est trop vieux, il faut aller au Mermoz et finalement, je retiens la suggestion du Directeur Général : = Le Mermoz c’est classe moyenne, et c’est familial, il faut aller à L’hôtel DIAMAREK c’est très bien, j’y ai séjourné deux mois. C’est très classe! Stop! Plus besoin d’en rajouter. Au mot « classe » contrairement au mot « chasse », c’est l’évidence absolue : c’est tout à fait mon genre : - Chauffeur déplace-nous au Diamarek!
Le Pont
Faidherbe est réparé, mais il n’a qu'un sens pour y circuler. Ouf, nous
sommes chanceux c’est à notre tour de passer. On circule dans les
« lacs d’eau » des rues de l’Île, le Chauffeur fait un arrêt à la
Banque car nous avons besoin d’argent. (Dans la brousse, la Visa ne
passait pas dans la machine. Nous avons eu à payer les 80 000 francs pour
la nuit comptant.) Et traverse l’autre Pont pour enfin aboutir à la
LANGUE DE BARBARIE. Il faut d’abord passer le coin des pêcheurs. Le
chauffeur nous dit qu’heureusement que les vitres sont fermées, sinon « ça
sent fort le poisson ». Toutefois, fort beau est le décor
archi-coloré par toutes les belles Pirogues que je vois sur le bord du
fleuve.
Je crois qu’il est
14 h 30. A. doit retourner à Saint-Louis à 16 heures pour
TRAVAILLER. Ce qui ne nous donne pas beaucoup de temps pour choisir le
bungalow et ensuite manger! La salle à dîner est fermée. Que nous dit le
réceptionniste: = Vous pouvez aller à L’OASIS, c’est juste à côté,
il ferme à 15 heures. Il faut y aller tout de suite.
Un menuisier qui
«varlope» la porte 132. J’attends la réparation pour avoir le
bonheur de m’étendre sur mon lit. Je suis épuisée. Et mon pauvre A.
qui doit repartir. Le Taxi l’attend pour le ramener à Saint-Louis. Il ne
rentrera qu’à 20 heures. On ne le ménage pas mon A. Il bosse de
« l’aube au crépuscule » enfin, j’exagère mais c’est presque ça.
ON NÉ TU BIN! (Traduction: Que nous sommes bien!)
Mieux encore, nous n’avons aucun voisin; ni à côté, ni en arrière encore moins en avant. En avant c’est l’OCÉAN. Je n’ai de musique que celle des vagues et des palmiers au vent. Quand je ne veux plus l’entendre, je ferme les portes vitrées. À tout moment, vous me retrouvez sur ma terrasse, en pleine séance contemplative et méditative devant cette immensité d’eau salée et ce tableau extraordinaire que j’ai devant les yeux et qui me comble. Me vient alors en tête une expression très « ticounoise » : « On né tu bin! ». C’est ce que disent les Floridiens du Québec, surnommés « Lé tu bins » parce qu’ils disent ça tout l’hiver « On né tu bin! ». Moi je passe mon hiver au Québec, alors je préfère la langue de mes auteurs pour exprimer ma complaisance: « je me sens comblée comme si un chant lumineux et haut s’élevait dans mon esprit ». Et je suis très bien! Je vous "scotch" quelques photos de mon agréable paradis:
Voici donc
l’histoire de deux « tu-bins » comblée par un chant lumineux de
la Langue de Barbarie :
Robinson Crusoe et
sa Vendredi-E!
Vous rappelez-vous
de cette histoire? Robinson échoué sur une île et Vendredi à ses
côtés. C’est la même histoire, mais version 2010 :
Robinson va bosser à Saint-Louis, pendant que sa Vendredi-E se prélasse sur son
île. Vendredi-E a plein plein de Lundi-E, de Mardi-E, et Jeudi, de Samedi
et de Dimanche à son service. C’est hors saison, donc pas beaucoup de
clients. Par exemple, pour le repas du midi, il n’y a que Vendredi-E
au resto. Alors Jeudi, le Chef Cuisinier vient vers 10 h 30 lui
demander ce qu’elle veut manger et à quelle heure. – Chef, vous pouvez me
faire des assiettes de crudités? – Et je mange à midi! Et le
chef lui prépare une assiette de son cru et lui sert un grand verre de
« Soda Wateure avec citron pressé ». – C’est bon pour votre
rhume lui dit-il. Parce que Vendredi-E elle a le rhume depuis son
arrivée.
Et le soir encore,
il n’y a que Robinson et sa Vendredi-E pour le dîner. Il est à 20 heures
le dîner. Notre serveur « Samedi » nous installe une
table, avec de belles fleurs déposées sur la nappe ou dans un vase.
C’est selon le soir. Hier c’était un bouquet d’Orgueils de Chine.
Le soir c’est la cuisinière «Dimanche » qui nous prépare un repas de
son cru servi par « Lundi-E et Mardi-E », deux très jolies
Sénégalaises. Par exemple, hier c’était comme Entrée : Terrine
de poisson, suivi du Plat : Poulet Yassa et enfin le Dessert : Sorbet
citron et Mousse Chocolat pour Robinson. Un autre soir : Terrine de
carotte, Bastas sauce provençale et salade de fruits. On ne sait jamais à
l’avance ce que Jeudi et Dimanche va nous servir. Cette formule nous plaît à
ravir. C’est comme si nous étions invités par Madame Annie. Est-ce
la Proprio ou la Gérante? En tout cas c’est elle qui gère la place.
Le matin au petit-déjeuner nous sommes seuls d’humains parce qu’il y a une
ribambelle d’oiseaux de toutes les espèces. Certains se posent même sur
la table pour avoir un croûton de pain. Robinson les nourrit, et certains
« pogne » le croûton en plein vol.
Ah la la! Il
est beau refrain de l’Aventura sur la Langue de Barbarie. Elle est belle la vie
de Vendredi-E au Diamarek. Et il en sera ainsi jusqu’à samedi matin 9
heures. L’heure où nous nous «déplaçons » sur Dakar.
C’est une longue route de plus de 5 heures qui nous ramène « à la
maison » Inch’Allah! comme ils disent tous pour tout et n’importe
quoi.
LA MÉTÉO
Pour une dame qui
habite un endroit où la météo est une obsession, dans un carnet de voyage, un
bulletin météo est incontournable. J’avais mentionné que c’était la
saison des pluies? De cette pluie, nous n’en avons reçu que deux jours et
une nuit. Premier jour à Dakar et une autre journée à Thiès, mais ce
n’était que « du pipi d’oiseau » comme ils disent pour une petite
pluie d’une heure ou deux. Celle de la nuit? C’est le bruit qui
s’est ajouté à ceux de brousse du Ranch de Bango. Mais bruit est un
petit mot. Ça tombait tellement fort, on ne s’entendait pas
dire : Bordel mais quel est ce bruit? Comme si des millions
balles de tennis qui tombaient sur le toit. Fort que je vous dis.
Heureusement ça n’a duré qu’un moment. Nous nous sommes rendormis aux
chants de brousse! Le reste du temps c’est que du soleil « qui brûle
de tous ses watts » et nous procure une chaleur torride. Avec la
brise de la mer, Vendredi-E ne la sent pas tellement la chaleur.
Toutefois, les derniers jours à Thiès, c’était insupportable. J’ai passé
la journée de vendredi dans l’Auberge. À éternuer! « C’est la
clim » que me disaient les femmes de chambres.
Jeudi 23 septembre
2010
Hier, un événement
digne de mention sur l’Île de Vendredi-E. Robinson est rentré « à la
hutte » à 16 h 45! Depuis le début du contrat, il ne rentre
jamais avant 19 h 30. Il a tout simplement quitté la salle et a laissé
ses Méthodologues « méthodologuer ». Vendredi-e l’a amené sur
la plage pour marcher tout en ramassant des coquillages pour ajouter à sa
collection. J’ai des coquillages de toutes les plages où j’ai posé pieds
dans ma vie de voyageuse. Et sur la plage de la Langue de Barbarie, il y
en a en pagaille des coquillages.
LA MARCHE
MILITAIRE
Tout bonheur a un
petit nuage qui assombrit son ciel. Ici ce sont les CRABES. Ils
sortent de leur trou à la noirceur. Et des trous et des crabes il y en a
« ça pas d’alloure »!. Étant donné que le dîner est à 20
heures, ils sont tous hors des trous quand nous sortons. Ce qui ne fait pas
l’affaire de Vendredi-E. Annie m’a dit : tu
marches en tapant fort des pieds pour leur faire peur! Je n’y manquerai pas!
Pour être sûre et certaine qu’ils m’entendent TOUS, je fais la « marche
militaire » : gauche – droite – gauche – droite et ainsi
jusqu’au restaurant et encore plus fort de retour. Un soir, c’était le
cauchemar : devant notre porte une vingtaine de GROS crabes se
promenaient sur notre terrasse. M’avez-vous entendu crier? La Langue de
Barbarie oui. Je ne suis jamais introduit quelque part aussi vite de ma
vie.
Avant de terminer
mon carnet, il faut que je vous cite deux phrases que Robinson a noté dans son
cahier et qui me font sourire. Elles sortent de la bouche de ses
Méthodologues lors des réunions de « Régulation ».
= Je n’ai
pas bien compris la question, mais je peux vous répondre.
= Avez-vous
quelque chose à ajouter? Je n’ai rien à ajouter, mais puisque
vous me donnez la parole, je vais vous dire quelque chose.
Et moi je n’ai
plus rien à ajouter. Je suis sur ma terrasse, il fait trop chaud pour continuer à écrire. Je vais donc cliquer sur « publier » et
retourner contempler l’infini océanique devant ma hutte! On né tu bin!