Chronique
immobilière
« Tous nos rêves repose sur un
espoir : celui de se retrouver, même temporairement,
dans un environnement bien plus agréable que notre cadre de vie habituel »
(D.Kennedy/Mirage)
Cette citation,
tirée du roman que je suis à lire, est
très à propos car j’ai failli « me retrouver dans un environnement beaucoup plus
désagréable que mon cadre de vie habituel » je dirais même, plus
désagréable que le cadre de vie choisi pour Libreville. D’abord faut dire que mon habituel, il est des plus
agréables, je n’espère pas ni ne rêve de
vivre dans pire. Si on accepte de vivre
à l’étranger mon A. et moi, une des principales conditions est d’être logé
convenablement. On l'a toujours exigé. Si A. n’obtient pas
ça…je reste chez-moi…si je reste…A reste aussi.
Cela étant dit,
allons faire la visite du « cadre de vie » qu’on nous avait choisi.
Le Méridien
Comme à chaque
séjour, dès que j’ai eu les billets d’avion, je me suis occupée du logement. Le choix n’est pas compliqué, à Libreville, c’est
le Méridien. Il y avait aussi le tout nouveau
et chic Park Inn, mais c’était un peu plus cher. Et le Park Inn, c’est près de l’aéroport, c'est beaucoup trop loin de tout donc inintéressant pour moi.
Le Méridien, on le
choisi primo parce que l’environnement est très agréable. C'est à proximité de tout. À ça s’ajoute la chambre supérieure qui est
spacieuse et confortable. Sans oublier un point
fort important ; nous sommes en
sécurité, ce qui est primordial quand tu vis à l’étranger. Il ne faut pas courir après le trouble quoi. Et pour « Madame Première », partout où elle doit habiter la préférence va "avec piscine" puisque c'est en quelque sorte « ma salle de séjour ». J’y passe une grande partie de mon
temps, presque tous les après-midi. J'aime l'ambiance, j'aime son luxe, j'aime la végétation, j'aime le décor, j'aime les cocotiers, les palmiers,
la brise de la mer, avec en sourdine la musique des vagues qui déferlent. Bref, tout ça meublent
et agrémentent mes heures de lecture et de rêveries. Que demande le peuple ? (Comme le dit mon amie
Pauline.)
J’ai donc contacté
le Dir.Com par mail et négocié un très bon prix. Pour moi, c’était réglé. Point barre!
Hé bien non, ça ne
l’était pas.
Quelques jours
avant de partir, voilà qu’on nous suggérait de vivre en «appartement
meublé » disant qu’on en avait même trouvé un moins cher qu’au Méridien spécifiant même "de haut standing". Vous me voyez très suspicieuse de la suggestion. Mais politesse oblige, je
n’avais pas le choix de « les laisser aller » mais pas de « les
laisser décider ». Alors, jouons le jeu!
Par simple
curiosité, j’ai pitonné sur Google appartement meublé grand standing Libreville. La liste
n’était pas longue, et ce qu’on offrait était loin du centre-ville sans aucuns
services autour et pas de chance ;
sans piscine. Aucun n’arrivait
« à la cheville » du Méridien.
Donc, abandon de mes recherches. Je persiste et signe dans mon
choix ; Le Méridien.
De son côté, A. plus
chanceux que moi, a contacté quelqu’un qui est recommandé par quelqu’un du
bureau et qui loue des appartements meublés à Libreville. À voir les photos sur le site, c’était un
semblant de « mon cadre de vie habituel » c’est-à-dire un très beau
logement de « grand standing » et franchement très à mon goût. Moderne, bien meublé, bien décoré, spacieux et au centre-ville. Malheureusement c’était plus cher de quelques
dollars que le prix que j’ai obtenu au
Méridien. Déjà que le prix du Méridien
semblait faire des vagues, nous avons abandonné les négociations. Retour à la case départ : Le Méridien.
J’ai réservé pour 51 nuitées, A. a
signé le contrat de location et puis Basta !
L'Apart hôtel de
Libreville au quartier Bas de Gué Gué
(Voir les photos
fin récit)
Surprise, ce n’est pas Basta!
Le samedi suivant
notre arrivée, voilà que R. est venu nous chercher pour visiter la trouvaille
que lui et K. avait déniché pour nous. Dois-je préciser que ça ne fait pas mon affaire? Je le précise, ça ne la fait réellement pas. Mais bon, je ne manifeste pas mon désappointement. Je l'ai dit; je joue le jeu...jusqu'au bout.
Je n’ai pas tellement compris pourquoi il fallait habiter un
appartement. Ça fait + de 10 ans que
nous habitons ici, personne n’a jamais questionné ce choix ni le prix. Semble-t-il
que c’est une question de faire des
économies et les dépenser pour autre chose ou pour un autre poste. Enfin, c'est ce que j'ai cru comprendre.
On va voir la trouvaille?
On va voir la trouvaille?
Je connais bien
Libreville, mais je connais bien aussi les africains. Le temps c’est de l’espace et la distance, ce
n’est pas la même « longueur » que nous.
Pas loin pour eux c’est loin pour nous.
Je pose donc ma
Première
question - Est-ce loin du centre
ville ?
Réponse : -
Non, c’est pas loin d’ici.
L'espace et la distance nous ont amenés loin du centre-ville comme prévu.
Tout au long du
trajet, j’espérais, "je'm'voyais déjà....." (sur un air d'Aznavour) non pas au haut de l'affiiiiiche...mais su mon balcon au
bord de mer...." enfin LA Perle de Libreville quoi. Mes rêves se sont évanouis quand j'ai vu que nous étions près de l’aéroport. Je connais ce quartier, J.C. y habitait. E. aussi. C'est loin. Nous sommes sur la route nationale je ne sais
laquelle, la circulation est dense et bruyante. Nous sommes au quartier « Bas de Gué Gué » aussi bien dire "en brousse".
Il tourne à droite et je vois l'affiche: Les Studios.... votre Flat Hôtel no. 1. OUUUU la la! Vous ne voyez pas le regard que j’ai fait à A. mais lui l’a vu et il a tout compris. Le Flat Hôtel, c’est l’HORREUR ! C'est "le PLATE Hôtel"!
R. il est certain que nous quitterons le
Méridien, parce qu’il a dit en chemin que dès ce soir on pourrait
prendre les valises et s’y installer.
Qui ne dit mots consent ? Je
ne dis mots mais je suis à des années lumières de consentir. Nous sommes dans
une situation fort désagréable. Je
déteste ça me "faire organiser". Que faire d’autre que d’utiliser
un de mes nombreux talents ? Ici on
fera l’actrice. Je vais me montrer intéressé par l’horrible endroit où
je me trouve. Que la visite commence!
Le premier
appartement, enfin, ce que eux appellent appartement et moi j’appellerais
« case « est triste,
sombre, minable et tout petit. Un seul point à donner, c'est très propre. En plus,
il n’y a pas de moustiquaire dans LA petite fenêtre. Bienvenue les moustiques ! Il n'y a pas de balcon, la porte d'entrée du studio donne sur le stationnement où sont garer de Grosse 4x4. Voilà pour ta vue madame la Princesse. Je vois bien qu’il n’y a pas de piscine, même
pas un petit jardin pour m’asseoir…il n’y a que le stationnement du Flat no 1 et tu feras avec.
On entre dans la minuscule, la toute
petite mini chambre qui n’a qu’un petit lit ¾. Même toute seule je ne dormirais pas dans un
si petit lit. Quesssssse’vous voulez une
Princesse ça dort dans un grand lit! C’est
d’ailleurs avec ça que je tente de m’en sauver.
Je dis : - Ah la la, le lit
il est beaucoup trop petit.
Hé bien devinez la
bonne idée de R ? Il demande au
propriétaire :
-
Y
a-t-il moyen de mettre un matelas par terre ?
Mais pour qui on nous prend ? Mon Dieu…sortez-moi
d’iiiiiiiciiiiiii ! Je ne sais quel péché j'ai fait, mais mon dieu, il ne m’écoute pas je dois continuer
la visite.
Voyant que nous
n’étions pas trop enthousiastes par ce studio, le propriétaire dit à R. qu’il y en a d'autres, dans un autre bâtiment.
Ah la la! Cé pas fini? On passe par un petit
sentier, derrière le Flat hotel, entre deux murs de ciment, passe la grande porte en fer, et
« tadaaaaa » on est « au qua’tier » comme on prononce en
gabonais. Les rues sont en « dur »
(en terre). C'est le calme plat. Je ne vois rien d’autres que
des gabonais assis juste en bas de l’immeuble en question. "Ils tiennent le mur" comme on dit. Juste devant il y a un petit champ de
broussaille d'herbes hautes, voilà un bon « nid » pour les serpents. RIEN,
pas de supermarché, pas de magasins, pas de restaurants. Qu'est-ce que je ferais, toute la journée, dans ces petites cases, à attendre? Pas une lecture ne me sauverait de l'ennui. Cauchemar au quartier Bas de Gué Gué!
Et que dire des « flats » qu’on nous fait visiter ?
Le disponible est au deuxième étage, dans le fond d’un petit corridor. On entre dans la même genre de « case » que la première visitée. Bof, disons un peu plus spacieux, mais toujours aussi horrible, avec un « beau » divan noir en cuirette dans le salon. Enfin, c’est le « salon-salle à manger-cuisine-bureau » dans la même petite pièce. Et encore, minuscule chambre meublée d’un lit ¾ . Je passe les salles de bain, ce sont des salles de bain.
La scène est désolante, mais l’actrice continue de jouer son rôle et répète son scénario « le lit est tellement petit…...... ». Nouvelle et brillante suggestion de R? Il montre le divan noir et invite A. à y dormir.
Et que dire des « flats » qu’on nous fait visiter ?
Le disponible est au deuxième étage, dans le fond d’un petit corridor. On entre dans la même genre de « case » que la première visitée. Bof, disons un peu plus spacieux, mais toujours aussi horrible, avec un « beau » divan noir en cuirette dans le salon. Enfin, c’est le « salon-salle à manger-cuisine-bureau » dans la même petite pièce. Et encore, minuscule chambre meublée d’un lit ¾ . Je passe les salles de bain, ce sont des salles de bain.
La scène est désolante, mais l’actrice continue de jouer son rôle et répète son scénario « le lit est tellement petit…...... ». Nouvelle et brillante suggestion de R? Il montre le divan noir et invite A. à y dormir.
Le propriétaire en
rajoute, ce qui ne nous donne pas des points, il nous dit que « des canadiens québécois vivent ici
quand ils viennent à Libreville ».
Hé bien je regrette, mais pas la canadienne à qui vous faites visiter monsieur. J'lai'pas'dit.
Ce que je pense à l'instant dans le Flat ne s'écrit pas. Mais ça bouillonne dans ma tête je vous jure.
L’actrice, scène 2 : Et je vais faire le marché où?
Ce que je pense à l'instant dans le Flat ne s'écrit pas. Mais ça bouillonne dans ma tête je vous jure.
L’actrice, scène 2 : Et je vais faire le marché où?
Réponse de R. – Je viendrai vous chercher à tous les 3 jours.
L'actrice a un visage de statut, elle ne doit montrer aucune émotion,
FIN du film d'horreur au Plate Hôtel de Bas de Gué Gué!
FIN du film d'horreur au Plate Hôtel de Bas de Gué Gué!
- Merci beaucoup
monsieur pour la visite ! Et des salutations de toute part,
et « on décrisse » comme l’a dit une fois la petite Marilou de 4
ans à son papa.
Fin de la visite,
mais pas fin du supplice puisqu’au retour, R. semble encore convaincu que ça
nous a plu et qu’on va aménager ce soir, car pour lui le M’PLAZA est
« super ». A. lui explique que
nous devons donner un avis 2 semaines avant de quitter l’hôtel. Moi je sais que dans sa tête, il a une
idée ; en parler sérieusement avec
K. Et c’est ce qu’il a fait dès le lundi.
De retour dans mon
Palais, j’ai dit à A.
– Si il faut déménager là, il me reste 2
jours à vivre. Le premier pour déprimer et le deuxième pour me supprimer.
Je n’aurai pas à
quitter ce monde, puisque mon récit se termine bien. Dieu ne m’a pas
oublié, mes péchés sont pardonnés, et il m’aime encore ! Le lundi soir, A. avait une rencontre avec K.
Après cette rencontre, K. est venu dans la
660 pour « me saluer ». R. y
était aussi. Soit dit en passant, K. je
l’aime bien. C’est un beau et très élégant gabonais. Après son départ, A. me dit qu’il n’a pas eu à
discuter. K. a tout simplement dit
« il n’y a aucun problème ». Je
pense que A. lui a suggéré un autre moyen de « récupérer de
l’argent ». Mais ça, ça ne me
regarde pas. Moi ce qui me regarde c’est
comment je vais faire pendant les semaines qui suivent pour « être
débordée ». Mon seul et unique
souci. Et c’est au Méridien que je
devrai trouver les moyens de l’être…débordée.
Elle est pas belle la vie ?
Une image vaut
mille mots ? Voici quelques photos
du « super » Plate :