Aussitôt
publié mon récit hier matin, je me suis dit que les économies, c’en était fini
pour Madame Dakar. Je suis
sortie. Je ne peux pas partir
d’ici sans avoir fait la rue
« des Libanais » comme on dit ici. C’est LA rue des magasins à Dakar, la rue Lamine
Ngueye. C’est juste à côté du
fameux Marché Sandaga qui à date, pas un « Française? » n’a réussi à
m’y conduire. Réussira-t-on ajourd'hui? Allons voir.....
Des kiosques du genre...il y en a des "millions" sur ma route du "magasinage"
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Des kiosques du genre...il y en a des "millions" sur ma route du "magasinage"
Qui dit sortir, et surtout jusqu’à LA rue, dit faire une très longue route. Non par sa distance, mais par les efforts que ça demande. Tout le long de la rue Sarraute, traverser la Place de l’Indépendance et tout le long de Mohamed V et jusqu’à Lamine Ngueye; je dois affronter la junte de vendeurs ambulants, les mendiants, les handicapés, enfin une foule de « donne moi 100 francs » ou « viens voir juste pour le plaisir des yeux ». Et « ce n’est pas petit affaire » pour utiliser le vocabulaire de notre jardinier Comorien. Je m’arme donc de mon courage et « mon bagou ».
Je n’ai
pas fait 10 pas, dès la sortie du terrain du Novotel, un nouveau? Qui me pose LA question qui
tue : Française? Et mon Fan club qui n'est pas là pour me sauver. - Laisse, je prends une marche santé. Il me suit, je répète, il m'offre du parfum, je répète, il retourne à sa place. Ah yaille yaille! La journée commence!
Sans trop
de problème, je réussis à me rendre à la Place de l’Indépendance. Et que vois-je? Un vendeur de lunettes. Et il a sur son étalage
« portatif » les mêmes
lunettes Rayban que j’ai vu dans tous les magazines français acheté à
Paris : Prima, Marie-Claire,
Elle, etc… À la rubrique « le
must de l’été » il y avait dans chacun de ces magazines les Rayban’s qui
viennent juste de me sauter en pleine face. Et me voilà à négocier une paire. Il en veut 10,000 francs, me disant que « ce sont des
vrais » mais il en aura 2500
francs. – Tu veux un
sachet? - Non je vais les porter
tout de suite.
Encore un
peu plus loin, que vois-je encore? D’autres Rayban, mais la couleur est encore
plusssssssssse belle que celle que je viens d’acheter. Inutile de négocier bien longtemps, je
lui dis que j’ai payé 2000 francs, et que je les achète s’il me fait meilleur
prix : - Donne 1500! Mais ici, je suis quelque peu embêtée. J’ai 3 paires de lunettes avec
moi. Je les mets où? Je n’ai que mon petit « sac au
cou », avec mes lunettes de lecture dedans et mes 18,000 francs. C’est incontournable, j’ai besoin d’un
deuxième petit sac et il doit absolument être de la couleur de ma robe. Lilas qu’elle a comme couleur. De kiosque en kiosque je vois que ce
n’est pas une couleur bien commune.
Un me dit : Viens
j’en ai! Viens avec moi à ma
boutique. – Si ta boutique est à Sandaga, je
n’y vais pas. - Non non, c’est là-bas! Et il m’indique là-bas de son doigt. Je sais bien qu’ici
« là-bas » ça peut être 2 kilomètres. Mais bon, allons voir jusqu’où il est son « là-bas ».
Dans ma
tête, je n’irai pas plus loin que mon là-bas à moi : LA rue des Libanais. Nous voilà sur le coin de la rue en question. Il veut aller plus loin. Je lui dis que je ne vais pas plus
loin. « Non non, tu vois
le tableau? c’est là. Tu as peur? les Sénégalais ne mange pas les blanches. » Bon, à ce compte-là, et comme le tableau en question n’est
qu’à 2 kiosques plus loin, j’y vais.
Et effectivement, le petit sac qu’il me montre est « genre »
bleu qui tire sur le lilas. En
plein ce qu’il me faut. Et il est
très joli. Mais l’affaire
n’est pas dans le sac. On n’a pas
encore discuté du prix.
– Combien? -
2500 francs - Tu m’as fait
marcher tout ça pour me flouer? Et il
me raconte que le tissus, il est
de Casamance, enfin bref, une histoire qui ne tient pas debout et je lui dis
qu’il me dit n’importe quoi.
– Je te donne 500 francs ou rien. C’est
à son tour de me dire qu’il a marché tout ça pour 500 francs? Je n’aime pas cette
situation : je suis loin de
mon périmètre de sécurité, à l’intérieur d’une boutique sombre et étouffante,
et 3 Sénégalais autour de moi. Je
sors de sa boutique. Je n’ai plus
rien à faire ici, vite sur la rue où il y a « des blancs ». Pour faire une histoire
courte, il me court après, et je lui ai donné les 700 francs et il est venu me
reconduire jusqu’à ma rue Lamine Ngueye.
– Donne-moi 500 francs pour le café? Pensez-vous que je lui ai donner? Je ne sais plus ce que je lui ai baragouiner. Je ne pensais qu'à voir un Libanais!
Il y en a
qui visite les musées, les galeries d’art, ils vont au concert, mais ce n’est
pas le cas pour Madame Dakar. Elle
visite « la rue ».
« Regarder le monde à travers les yeux » j’aime bien
le faire. Et je le fais, aisément, jusqu’à la boutique KADEL. Et à la boutique, comme à chaque fois,
il y a une paire de sandales qui m’attendait. Et en sortant de la boutique, il y a un vendeur qui m’offre
encore des lunettes Rayban. Décidément, ce séjour-ci en est un sur le thème "Rayban". Il y a eu les foulards Pashmina, les montres de marques, les lunettes Versace et les Dior, etc. etc... cette année ce sont les Rayban, et elles sont vrrrrrrrraiment jolies.
– J’en ai! Que je lui dis. - Donne 1000 francs. Tu es ma première cliente, et tu me
porteras bonheur. À ce prix, et pour lui porter bonheur, j’achète! C’est mon dernier pécule. Je n’ai plus un rond. J’avais prévu manger un
« chandwich » (c’est ainsi que c’est écrit sur le menu du
« Bistro Gorée »). Mais
je mangerai un club chandwich au Novotel. Fini le magasinage! Le reste du séjour se fera bien à la
piscine.